« Le gouvernorat ne traite pas les dossiers »

image_pdfimage_print

LeTourisme-logo
Votre association a mené récemment une action en faveur de l’inscription de Djerba à la Liste du Patrimoine mondial de l’humanité. Où en est cette candidature ?

L’île de Djerba a été inscrite sur la Liste indicative de l’Unesco l’an dernier, quand Azzeddine Beschaouch était ministre de la Culture, en même temps que cinq autres biens*. C’est un grand acquis auquel il fallait réagir. Il fallait montrer que Djerba, sa société civile, ses habitants sont là pour soutenir cette candidature. Malheureusement, la constitution du dossier technique par l’Institut National du Patrimoine n’a pas avancé. C’est pourquoi nous comptons exercer une pression sur le directeur de l’INP pour que soit constitué le dossier nécessaire à l’inscription sur la Liste du Patrimoine mondial ; une procédure qui prend plusieurs années. Djerba a toutes les chances que son dossier soit accepté. Son patrimoine satisfait à tous les critères : son caractère exceptionnel est incontestable, nous avons à la fois les paysages, le patrimoine bâti, le patrimoine immatériel… L’Assidje milite pour l’inscription de l’île dans son ensemble, et non d’une partie seulement.

Les atteintes au patrimoine de Djerba ne sont pas nouvelles et existaient dès avant la Révolution. Comment la situation évolue-t-elle ?

Ce sont surtout les monuments, les mosquées qui ont subi un coup dur après la Révolution. Avant, nous réagissions à chaque tentative, en cas d’abus nous y mettions fin en écrivant aux autorités ou en publiant des articles. D’ailleurs, rien ne se faisait sans consulter notre association et le représentant de l’INP. Maintenant, le relâchement institutionnel est généralisé et le gouvernorat  ne traite pas les dossiers. Dans le contexte actuel, tous les abus sont permis, nous n’avons pas d’interlocuteur. Nous nous adressons à toutes les parties, nous avons dénoncé par écrit tous les outrages commis sans recevoir jamais aucune réponse. Ainsi, nous n’avons rien pu faire contre l’envahissement de la mosquée Fadhloun qui n’est plus ouverte aux visites ; le guichet a été supprimé, elle n’est plus entre les mains de l’Agence de mise en valeur du patrimoine [depuis janvier 2011, lire dans Le Temps]. Mais heureusement, les mosquées de l’intérieur que nous avons contribué à restaurer sont plus ou moins à l’abri.

* La médina de Sfax ; les carrières de marbre de Chemtou ; les vestiges du Limes romain ; le complexe hydraulique Zaghouan-Carthage ; les Mausolées Royaux de Numidie, de la Maurétanie et les monuments funéraires pré-islamiques (voir Le Tourisme n°3, mars 2012)