Jamel et Sylvia

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Ils sont aussi sympathiques l’un que l’autre. Ils jouissent tous les deux d’une certaine “indépendance” vis-à-vis du parti au pouvoir. Ils sont à la tête du ministère du Tourisme dans deux destinations qui ont « longtemps vécu sur leurs acquis » (1), dans deux pays dont l’économie est en crise.
Mais la comparaison s’arrête là. D’un côté, la jeune Sylvia – elle vient d’avoir trente-six ans le 28 septembre, bon anniversaire Mme la Ministre ! – membre du petit parti Radical de Gauche, a réussi à convaincre son Président de la République, socialiste, d’ériger le tourisme en « Grande cause nationale » avec l’objectif déclaré de décrocher le premier rang des pays européens en termes de recettes touristiques (44,9 milliards d’euros prévus en 2013). Alors que Jamel, lui, se débat dans son statut de « ministre technocrate qui n’a pas d’incidence sur les décisions politiques » (2) comme il l’a déclaré lui-même.
Tandis que Sylvia devient la coqueluche de son gouvernement, Jamel se voit refuser un budget de 6 millions de dinars sur trois ans pour faire repartir le tourisme à Tozeur. Ce même gouvernement qui, quelques jours après, refuse à sa compagnie aérienne nationale un redéploiement de ses vols sur Tozeur qui lui aurait permis d’éviter des pertes de 3 millions de dinars par an…
Lâché par son gouvernement, Jamel perd, par là même, une bonne partie de sa crédibilité auprès des professionnels, dont le soutien lui serait pourtant nécessaire pour embellir son bilan et celui de son gouvernement.
Morale de l’histoire : plus que sur sa compétence, plus que sur ses qualités personnelles, un ministre se juge sur ses résultats qui sont directement liés à son pouvoir d’influence et de persuasion au sein d’un gouvernement. Un gouvernement ne peut longtemps faire illusion en affichant des objectifs s’il ne leur consent pas les moyens nécessaires à leur réalisation.

Lotfi Mansour

Entre-ministres

(1) « La France a trop longtemps vécu sur ses acquis », déclaration de Sylvia Pinel à Tour Hebdo.
(2) Déclaration faite par Jamel Gamra à RFI le 26 septembre 2013.