2013 : vive la crise !

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La crise que traverse le tourisme tunisien a eu un effet inattendu : l’union de l’administration et des professionnels pour un même discours et les mêmes actions. L’année qui débute est déclarée celle « de tous les défis » par Habib Ammar, DG de l’ONTT, qui vient d’engager en France une société de relations publiques pour corriger l’image de la destination, en attendant que l’agence Publicis prenne le relais avec la campagne publicitaire prévue en mars. De leur côté, les professionnels initient – c’est une première – une tournée en France pour tranquilliser la presse et leurs homologues français. Tous semblent enfin décidés à ne pas baisser les bras, tant les raisons d’espérer restent bien réelles, notamment sur de grands marchés tels que la Grande-Bretagne, l’Allemagne ou la Russie.

Si l’hiver est déjà plombé par la forte baisse du marché français (estimée à près de 30% des réservations d’hiver par rapport à 2012 et à près de 40% par rapport à 2010), “l’esprit de résistance” qu’on voit à l’œuvre aussi bien chez les professionnels qu’auprès de l’administration est une bonne nouvelle pour le secteur. En effet, pour la première fois, FTH et FTAV décident de se prendre en charge et d’ “aller au charbon” devant la presse française. Un exercice certes difficile, mais nécessaire pour contrebalancer le flot de mauvaises nouvelles que charrie chaque jour dans la presse l’actualité tunisienne et régionale. Mohamed Belajouza, président de la FTH, parle de « rallumer la flamme » entre la destination et le marché français, comme s’il s’agissait d’un couple de vieux amants piégés par le train-train quotidien. Son homologue de la FTAV, fidèle à sa fougue habituelle, parle de « défendre le pain de nos enfants ». Le ton est donc donné, et on espère revivre sur le marché français le scénario de 2012, où la désaffection hivernale a été suivie d’un boum de la demande en été.

conference-de-presse-tenue-Paris A la conférence de presse tenue à Paris le 24 janvier devant une quarantaine de journalistes, Mohamed Belajouza (FTH) et Mohamed Ali Toumi (FTAV) étaient encadrés de Faouzi Moelhi (Tunisair) et Habib Ammar (ONTT). Invité en sus, l’Ambassadeur tunisien s’est chargé des questions directement politiques auxquelles il a donné des réponses enrobées de diplomatie.

Dans cette perspective, l’ONTT reconduit le programme de soutien à l’aérien conclu l’année dernière avec les compagnies aériennes pour 5,269 milliards (dont 2,4 milliards pour Tunisair, 2,39 milliards pour Nouvelair, 231 millions pour Transavia et le même montant pour Tunisair Express). Cependant, l’ONTT pense y apporter plus de souplesse « en versant la subvention directement aux tour-operators », précise Habib Ammar, DG de l’ONTT.

Mais les incertitudes du marché français ne doivent pas cacher « les bonnes perspectives que nous avons sur les marchés anglais, allemand, russe et bien d’autres », explique Habib Ammar. En effet, sur le marché anglais, les réservations sont à la hausse de 3% pour l’hiver et de 33% pour l’été ; ce qui n’est pas le cas chez tous nos concurrents tels que la Turquie (–20% en hiver et –8% en été) ou l’Egypte (–3% en hiver et –4% en été). Cette croissance du marché britannique est portée par les leaders Thomas Cook et TUI, mais aussi par Just Sunshine, qui annonce une augmentation de sa capacité aérienne pour l’été.
En Allemagne, on observe le maintien des niveaux de réservation de l’année 2012 avec une tendance à la hausse (+1%) pour l’hiver. L’Autriche aussi affiche des réservations en hausse (+10% pour l’hiver) et une croissance à deux chiffres pour l’été chez les principaux TO (Thomas Cook, TUI et ITS). Sur le marché hollandais, désormais doté d’une représentation dédiée, on prévoit à l’ONTT d’atteindre les performances de 2010, soit 75 000 visiteurs. Et, last but not least, l’objectif pour le marché russe est d’atteindre les 300 000 entrées, soit une progression de 20% par rapport au résultat encourageant de 2012 (250 000 entrées, soit 65% de plus qu’en 2011).
On le voit donc bien, malgré les nombreuses hypothèques qui pèsent sur la saison touristique, les raisons d’espérer ne manquent pas.