Les décideurs du tourisme se mobilisent pour le patrimoine

Le colloque sur le tourisme culturel organisé le 27 novembre par l’ONTT et MCM a réuni l’ensemble des professionnels du tourisme et de leurs fédérations, y compris la Fédération des guides agrées (FGAT), tous convaincus que le tourisme est une chance pour le patrimoine culturel et historique du pays.

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Organisé conjointement par l’ONTT et MCM (éditeur de letourismemagazine.com et tunisiatourism.info), le colloque “Tourisme culturel : ce qu’il faut changer” a permis de préciser les défis qui se posent au pays pour un développement du Tourisme culturel.
Le premier de ces défis, comme l’a souligné René Trabelsi, Ministre du Tourisme et de l’Artisanat, est la mise en pratique du partenariat public/privé (PPP).

En vidéo : extraits de l’allocution de René Trabelsi, Ministre du Tourisme

 


Nabil Bziouech, DG de l’ONTT, a pour sa part exprimé sa déception quant aux résultats de la convention signée il y a trois ans avec le ministère des Affaires culturelles et qui devait, entre autres objectifs, favoriser le PPP dans le domaine du tourisme culturel. (voir ci-après extraits de son discours).

Soumaya Gharsallah-Hizem, chercheuse à l’INP et ancienne directrice du musée du Bardo, a présenté un diagnostic de l’état du patrimoine culturel et de sa gestion. Son intervention sous le titre « Quelle gouvernance du patrimoine pour l’essor du tourisme culturel ? » (voir ci-dessous) dresse la liste des dysfonctionnements et carences existant tant au sein des structures publiques que de la part des musées privés.

Ces appels au changement dans la gouvernance du patrimoine, ainsi que les idées et projets évoqués par les professionnels présents, n’étaient pas pour déplaire aux représentants de l’Union Européenne, Vladimir Rojanski, et de la GIZ, Sarah Schwepcke. Ceux-ci ont présenté le programme “Tounes Wijhatouna” et le volet “tourisme durable et culturel” de ce programme (voir ci-dessous).
“Tounes Wijhatouna” est un programme d’appui (51 millions d’euros) à la diversification du tourisme tunisien, au développement de l’artisanat et à la valorisation du patrimoine culturel.

Malgré l’absence de l’Agence de Mise en Valeur du Patrimoine et de Promotion Culturelle (AMVPPC), qui a décliné notre invitation, un consensus s’est dégagé lors de ce colloque pour que le développement du tourisme culturel ne se fasse pas au détriment du patrimoine, mais au profit de sa préservation en procurant les moyens financiers permettant une telle préservation.

 

Les actes du colloque “Tourisme culturel : ce qu’il faut changer”

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Allocution de Nabil Bziouech, Directeur Général de l’ONTT (extraits) : N. Bzioueche -ONTT

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Vladimir Rojanski (Union Européenne) : le programme “Tounes Wijhatouna”  V. Rojanski Tounes Wijhetouna

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Sarah Schwepcke (GIZ) : “Tounes Wijhatouna”, le volet “tourisme durable et culturel”  S. Schwepcke Tounes Wijhetouna-Volet tourisme

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Soumaya Gharsallah-Hizem, chercheuse à l’INP : la gouvernance du patrimoine  S. Gharsallah Tourisme Culturel




Désertion des sites et musées : à qui la faute ?

Le coup de colère de l’ambassadeur de France à propos de Thuburbo Majus nous rappelle une triste réalité : l’effondrement de la fréquentation des sites et musées tunisiens.

 

L’ambassadeur de France est « furieux » que les touristes français désertent les sites archéologiques et qu’ils ne soient « fichu(s) que de bronzer idiot(s) » : c’est ce qu’il écrit sur sa page Facebook en déplorant le manque de visiteurs au site de Thuburbo Majus. M. Olivier Poivre d’Arvor est dans son rôle d’homme de lettres et ancien directeur de « l’attractivité culturelle » de la France quand il s’insurge contre l’indifférence supposée de ses compatriotes à l’égard de la richesse de notre patrimoine. Il est aussi dans son rôle de diplomate quand il nous épargne sa « fureur », alors que nous sommes aussi, sinon plus, à blâmer que nos touristes.

En effet, la désertion des sites et musées tunisiens n’a pas cessé de s’amplifier ces 15 dernières années sans que nous parvenions à y remédier. De 3 millions de visiteurs en 2000, nos sites et musées sont passés à 2 millions de visiteurs en 2010 pour tomber 0,3 million en 2016. Le site de Thuburbo Majus, objet de la colère de M. l’ambassadeur, recevait 32 500 visiteurs en 2000, 15 900 en 2010 et 4 800 en 2014.

La conséquence d’un tel effondrement, selon l’ancien directeur général de l’AMVPPC, est un manque à gagner de 60 millions de dinars sur la seule période 2011-2015. Ces chiffres ne semblent malheureusement alerter personne, même pas l’AMVPPC dont la vocation est de « mettre en valeur et de promouvoir le patrimoine culturel » du pays.

Pire, cette descente aux enfers s’est accompagnée chez nous d’un discours toujours plus enflammé en faveur du « tourisme culturel ». En cela, notre stratégie de tourisme culturel est conforme à l’adage français : « la culture, c’est comme la confiture : moins on en, a plus on l’étale ».

A suivre…

LM