Désertion des sites et musées : à qui la faute ?

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Le coup de colère de l’ambassadeur de France à propos de Thuburbo Majus nous rappelle une triste réalité : l’effondrement de la fréquentation des sites et musées tunisiens.

 

L’ambassadeur de France est « furieux » que les touristes français désertent les sites archéologiques et qu’ils ne soient « fichu(s) que de bronzer idiot(s) » : c’est ce qu’il écrit sur sa page Facebook en déplorant le manque de visiteurs au site de Thuburbo Majus. M. Olivier Poivre d’Arvor est dans son rôle d’homme de lettres et ancien directeur de « l’attractivité culturelle » de la France quand il s’insurge contre l’indifférence supposée de ses compatriotes à l’égard de la richesse de notre patrimoine. Il est aussi dans son rôle de diplomate quand il nous épargne sa « fureur », alors que nous sommes aussi, sinon plus, à blâmer que nos touristes.

En effet, la désertion des sites et musées tunisiens n’a pas cessé de s’amplifier ces 15 dernières années sans que nous parvenions à y remédier. De 3 millions de visiteurs en 2000, nos sites et musées sont passés à 2 millions de visiteurs en 2010 pour tomber 0,3 million en 2016. Le site de Thuburbo Majus, objet de la colère de M. l’ambassadeur, recevait 32 500 visiteurs en 2000, 15 900 en 2010 et 4 800 en 2014.

La conséquence d’un tel effondrement, selon l’ancien directeur général de l’AMVPPC, est un manque à gagner de 60 millions de dinars sur la seule période 2011-2015. Ces chiffres ne semblent malheureusement alerter personne, même pas l’AMVPPC dont la vocation est de « mettre en valeur et de promouvoir le patrimoine culturel » du pays.

Pire, cette descente aux enfers s’est accompagnée chez nous d’un discours toujours plus enflammé en faveur du « tourisme culturel ». En cela, notre stratégie de tourisme culturel est conforme à l’adage français : « la culture, c’est comme la confiture : moins on en, a plus on l’étale ».

A suivre…

LM