ONTT : oui à la restructuration, non à la déstructuration

On apprend que le Directeur Général de l’ONTT, Nabil Bziouech, s’est vu signifier la décision de le remplacer.

Ce départ non annoncé aurait pu être le prélude à la restructuration tant attendue de l’ONTT, qui se transformerait en Agence de promotion. Cependant, la manière dont on limoge le premier responsable de cette institution laisse supputer un épisode de plus de la série d’“incompatibilités d’humeur” qui prévaut dans de nombreux ministères tunisiens.

Sinon, quelle urgence y avait-il à “virer” un haut fonctionnaire en dehors de tout protocole et sans même prendre la peine d’expliquer à l’opinion publique, et d’abord aux employés et cadres de l’ONTT ainsi qu’aux professionnels, les motivations et le contexte d’un tel limogeage ? Quelle urgence y avait-il à précipiter le départ d’un responsable qui a offert au secteur l’une des rares (l’unique ?) bonnes nouvelles de la période Covid19, à savoir le film promotionnel lancé récemment ?

Notre crainte est donc que ce changement et ceux qui pourraient suivre ne soient que les énièmes épisodes de la guerre d’égos ou de prérogatives que se livrent les Ministres du Tourisme et les Directeurs Généraux de l’ONTT depuis 2011, commencée avec les accrochages publics entre Habib Ammar et Mehdi Houas.

Dans une telle hypothèse, le seul résultat à en attendre est l’affaiblissement de l’ONTT et sa déstructuration définitive.

Lotfi Mansour




Tourisme : la stratégie en temps de vaches maigres

Le Ministre du Tourisme, René Trabelsi, et le Directeur Général de l’ONTT, Nabil Bziouech, semblent s’accommoder de la quasi-stagnation du budget du secteur (projet 2020 à quelque 150 millions de dinars). Obligés de se muer en cost killers, ils nous dévoilent quelques-unes de leurs pistes.

Ne dites pas au Ministre du Tourisme qu’il est un mauvais ministre parce qu’il n’a pas su augmenter le budget de son ministère. Il vous répondra que « bien au contraire, plus que de mon ministère, j’ai le souci de mon pays et le pays n’a pas d’argent ».
Que faire alors pour un secteur qui rapportera d’autant plus à l’Etat qu’il sera bien promu ? Réponse du ministre : « Les dépenses de fonctionnement doivent être comprimées pour nous donner plus de latitude en promotion ».

Comprimer les dépenses de fonctionnement

En effet, 2/3 du budget sont destinés aux dépenses de fonctionnement du ministère du Tourisme et seulement 1/3 à la promotion. Une règle vieille comme le ministère et qu’on n’a pas su inverser jusque-là.
Ces dépenses de fonctionnement seront donc le “gisement” où le Ministre traquera les coûts “non indispensables”, à commencer par le nombre de représentations à l’étranger et les loyers qui en découlent. « Nous réduirons les représentations par la formation de pools de marchés ; à part la France et l’Allemagne, nous n’avons pas besoin d’une représentation par pays ». Pour certains marchés, « la représentation peut se faire héberger à l’Ambassade de Tunisie, comme ce sera bientôt le cas en Belgique », renchérit le Ministre.

En Tunisie aussi, “la chasse au gaspillage” est ouverte. L’idée au ministère est de « regrouper les différents services de l’ONTT dans un seul immeuble en propriété. L’Etat est propriétaire de plusieurs immeuble vides qui pourraient être exploités à cette fin ».

Normes et label de qualité

Pour le Directeur Général de l’ONTT, Nabil Bziouech, l’urgence est de relancer les réformes, et notamment celles préconisées par les Assises du Tourisme (tenues en 2017) : « Nous concrétiserons au moins un projet dans chacun des six axes retenus par les Assises. Le choix des projets tiendra compte de nos limites budgétaires », déclare-t-il.

Dans l’immédiat, les projets de nouvelles normes hôtelières et de label de qualité Quality Tunisia Tourism (QTT) auront la vedette.
Le premier verra dans les prochains jours la clôture de sa première phase en partenariat avec le GIZ. Il atteindra sa phase finale à la fin de l’année prochaine, pour une application des nouvelles normes hôtelières le 1er janvier 2021.

Quant au label QTT, soutenu par l’Union Européenne, il sera octroyé à la fin de cette année à quatre entreprises touristiques (hôtels, agences de voyages…). L’ouverture des candidatures pour l’ensemble des entreprises du secteur sera effective dès janvier 2020.