« Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne »

Le 8 juin, Nissaf Ben Alaya, Directrice de l’Observatoire des maladies nouvelles et émergentes, parlait déjà de l’éventualité de « circuits contrôlés » pour les touristes. Devant le tollé suscité par cette déclaration, le Ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Mohamed Ali Toumi, réagissait le 9 juin sur Shems Fm : « Ça n’a pas de sens qu’un touriste ne sorte pas de l’hôtel, reste à savoir comment ».

Le 14 juin, le Chef du Gouvernement, Elyes Fakhfakh, à la question de savoir si le touriste pourrait se promener sur la plage ou à côté de l’hôtel, répondait : « Le touriste restera à l’hôtel. Il restera à l’hôtel, je lui interdirai [de sortir], il ne sortira que pour un circuit encadré sans aucun contact [avec les locaux] et n’ira pas non plus dans les souks ».

Par cette déclaration, notre Chef du Gouvernement a inventé “le touriste qui ne fait pas de tourisme” et nous attendons toujours la réaction du Ministre du Tourisme et de l’Artisanat.

L’ancien ministre français J.-P. Chevènement disait : « Un ministre, ça ferme sa gueule. Si ça veut l’ouvrir, ça démissionne ». Manifestement, notre Ministre du Tourisme et de l’Artisanat a choisi de « fermer sa gueule ».

Lotfi Mansour

 

 




Reprise du tourisme international en juillet : c’est possible !

Attendre le mois de septembre pour accueillir les touristes européens n’est pas une fatalité. C’est ce que viennent de prouver certaines destinations d’Afrique du Nord, qui ont pu convaincre les autorités allemandes de les faire figurer parmi les destinations qui pourront accueillir des vacanciers allemands à partir du mois de juillet. Cette décision pourrait entraîner l’ouverture d’autres marchés européens, le marché allemand servant de référence en la matière.

Au vu de son bilan dans la lutte contre le Covid19 et du nombre minime de cas enregistrés et de décès, la Tunisie est logiquement aussi bien placée pour accueillir ses premiers touristes européens dès juillet.

C’est à cette information que faisait référence le Ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Mohamed Ali Toumi, lors de son passage hier sur Elhiwar TV. Il nous reste maintenant à faire connaître notre bilan et notre niveau de préparation pour bien accueillir les clients.

Dans ce contexte, la communication sur le protocole sanitaire Ready & Safe devient urgente, le succès des trois étapes de déconfinement sera important, et le rôle de notre diplomatie déterminant.

Lotfi Mansour




Des mesures, pas encore de plan de relance

Le Ministre du Tourisme a annoncé des mesures à même de soulager la trésorerie des entreprises du secteur. Des mesures qui soulèvent cependant quelques questions.

 

Lors de sa conférence de presse tenue aujourd’hui, le Ministre du Tourisme et de l’Artisanat a annoncé notamment les détails de la ligne de crédit de 500 millions de dinars auprès des banques, et dont seulement 100 millions seront garantis par l’Etat.

Ces crédits seraient octroyés pour une durée de 7 années avec période de grâce de 2 ans aux seules entreprises du tourisme et de l’artisanat, à un taux dit bonifié « ne dépassant pas le taux monétaire du marché », et à la condition expresse que les entreprises bénéficiaires aient préservé et préservent à l’avenir tous les emplois existant avant la crise.

Exceptionnel, ce taux (6,75%) n’en demeure pas moins supérieur à la rentabilité attendue pour le secteur en l’absence de perspective d’activité même partielle. Le Ministre parle d’un niveau d’activité « avoisinant zéro d’ici mars 2021 ».

Ces crédits généreront de ce fait un surcoût, qui s’ajoutera à ceux qu’occasionnera le nouveau protocole sanitaire. Il s’agit donc d’une pilule bien amère que nos entreprises seront contraintes d’avaler pour survivre.

De plus, parmi les conditions d’éligibilité à cette ligne de crédit, l’entreprise bénéficiaire devrait justifier d’une baisse de son chiffre d’affaires d’au moins 25% en mars et d’au moins 40% en avril. Mais quid des nombreux hôtels saisonniers qui n’ouvrent habituellement qu’au mois de mai ?

Pas de quoi pavoiser donc. Le salut des entreprises du tourisme demeure dans une relance rapide de l’activité. A ce propos, le Ministre parle d’un plan d’action qui sera annoncé incessamment sous peu.

Attendons et croisons les doigts.

Lotfi Mansour

 




A quoi s’occupe notre Ministre ?

Plus de deux mois après le début de la crise du Covid19, les entreprises du tourisme vivotent de promesses qui ne feront qu’attendre. Comme des naufragés, ils s’accrochent à l’épave qu’est devenu leur secteur ; des naufragés aux poings liés puisqu’ils ne peuvent répondre aux questions que leur poseront inéluctablement les tour operators, les agences de voyages et les clients locaux : quand est-ce que vous ouvrez vos hôtels ? Quand est-ce que vous ouvrez votre espace aérien ? Quand est-ce que vous informez sur votre protocole sanitaire ? Est-ce que votre gouvernement est en train de négocier des “pactes de réciprocité” comme le font l’Italie, l’Espagne, la France et l’Allemagne ? Et si oui, avec qui ?

Aucune réponse à ces questions, ni même à celle du début de l’autorisation de déplacement entre régions du pays ; ni à celle de savoir s’il y aura un plan pour le tourisme local ; ni même concernant le fameux fonds de garantie de 500 millions qui ne sera, en l’absence de mesures de relance de l’activité, qu’un boulet de plus aux pieds des entreprises qui couleront ainsi plus rapidement. Sinon, à quoi cela rime d’octroyer des crédits (même à taux bonifié) pour des entreprises à l’arrêt ou avec si peu d’activité, et dont on augmente tous les coûts d’exploitation ?

A toutes ces questions, le Ministre du Tourisme et de l’Artisanat répond par des promesses qui n’engagent que ceux qui les croient, des webinars à mourir d’ennui, des réunions avec son homologue des Finances qui n’aboutissent apparemment pas encore à des décisions, et des photos bien léchées avec ses équipes, avec des ambassadeurs, et mêmes des éboueurs.

Est-ce seulement à ça que s’occupe notre Ministre, ou doit-on donner du crédit aux rumeurs… ?

Lotfi Mansour




Tourisme : la com au temps du Corona

Comme annoncé par le Ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Mohamed Ali Toumi, l’ONTT lance aujourd’hui une campagne digitale sur l’ensemble des marchés sur le thème “Ce n’est qu’un au revoir” avec le hashtag “#restezalamaison” en plusieurs langues.

Le thème et le ton choisis visent à dédramatiser cette “séparation forcée” entre la destination et ses visiteurs. Cette campagne vise aussi à encourager ceux qui avaient choisi la destination à reporter leur voyage.

Dans le même temps, elle s’inscrit dans le mouvement mondial d’appel au civisme et à la solidarité.

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D’un professionnel à un autre

Au-delà des déclarations de circonstance, la cérémonie de passation au ministère du Tourisme entre R. Trabelsi et M.A. Toumi était empreinte de beaucoup d’émotion, tant le Ministre sortant et son successeur comptaient d’amis parmi l’assistance.

On retiendra des discours de l’un et de l’autre l’engagement de René Trabelsi à rester au service du tourisme tunisien, tant à travers sa société qu’à titre personnel ; et celui de Mohamed Ali Toumi à continuer le travail accompli par son prédécesseur, mais aussi à remettre à l’ordre du jour les dossiers de réformes restés en suspens ces dernières années.




La FI2T communique

A l’occasion de la passation de pouvoir entre René Trabelsi et Mohamed Ali Toumi qui se déroule ce matin à 10h au ministère du Tourisme et de l’Artisanat, la FI2T félicite, dans un communiqué, R. Trabelsi et se félicite de l’arrivée de son successeur.

Communiqué


La Fi2T (Fédération Interprofessionnelle du Tourisme Tunisien) remercie vivement M. René Trabelsi, Ministre sortant du Tourisme et de l’Artisanat, pour son excellente implication dans l’Industrie du Tourisme du 5 novembre 2018 au 27 février 2020. La Fi2T se félicite de l’excellente écoute et collaboration dont a fait preuve M. le Ministre René Trabelsi durant son mandat. Une réelle dynamique s’est instaurée entre M. le Ministre René Trabelsi et les divers acteurs du Tourisme Tunisien, notamment la Fi2T, afin de sortir des sentiers battus et d’imaginer un nouveau Tourisme Tunisien. La Fi2T se félicite également de la nomination de M. le Ministre Mohamed Ali Toumi en tant que nouveau Ministre du Tourisme et de l’Artisanat. La Fi2T souhaite tout le succès à M. le Ministre Mohamed Ali Toumi, figure reconnue et appréciée par l’ensemble des professionnels du secteur. La Fi2T se veut une force de proposition et d’action auprès de M. le Ministre Mohamed Ali Toumi, afin que la Tunisie saisisse les nouvelles opportunités qui se présentent à elle sur des niches à forte valeur ajoutée. Bonne chance M. le Ministre Mohamed Ali Toumi.

La FI2T




René ou Daly ? l’enjeu est ailleurs…

Pour les professionnels du tourisme, l’essentiel aujourd’hui n’est peut-être pas dans le choix entre René et Daly : l’un et l’autre sont des professionnels aguerris, connus et reconnus. L’un et l’autre font partie de cette nouvelle génération de politiciens portant l’espoir de beaucoup de Tunisiens.

Une fois n’est pas coutume, la nomination qui me semble la plus importante pour le secteur du tourisme concerne le ministère de la Culture : Chiraz Laâtiri a montré suffisamment de détermination, de force de personnalité et de capacité à s’entourer des meilleures compétences du pays pour qu’on rêve déjà de la voir jouer la carte de la complémentarité avec le Tourisme. Celui-ci devrait à son tour s’engager sur la voie d’une valorisation de notre richesse patrimoniale pour en faire le fer de lance de notre commercialisation. Il ne sert à rien aujourd’hui d’énumérer les entraves (les conventions restées lettre morte et les projets tués dans l’œuf) à une telle coopération Tourisme/Culture, entraves dues en grande partie à l’actuel ministre des Affaires Culturelles.

Chiraz Laâtiri est représentative de cette nouvelle génération chez laquelle compétence et patriotisme vont de pair avec indépendance et esprit rebelle. Elle saura, avec le futur Ministre du Tourisme, trouver les synergies nécessaires pour le bien des deux secteurs et l’image de notre pays. Par exemple, faire de la Tunisie un lieu de tournage de blockbusters (ce qu’elle a été jadis), et restructurer l’AMVPPC pour qu’elle fasse une promotion digne de notre patrimoine, et non, comme aujourd’hui, qu’elle se contente de percevoir les recettes des entrées de touristes qu’on lui apporte devant sa porte. Il reviendra également aux deux Ministres du Tourisme et des Affaires culturelles de nous dire quand et comment la mise en valeur et l’entretien de notre patrimoine cesseront de vivre des subsides des pourvoyeurs de fonds.

En attendant de voir l’issue de l’actuel marathon de négociations politiques, les professionnels du tourisme se devraient d’appuyer cette candidature de Chiraz Lâatiri ainsi que celle d’Elyes Fakhfakh, dont le passage par le Ministère du Tourisme et celui des Finances le prédispose mieux que quiconque à faire avancer le dossier de l’assainissement financier du secteur.

Nos professionnels doivent surtout cesser de se comporter comme des fans d’équipes de foot pour un imaginaire derby René/Daly, pour la simple raison que ces deux-là jouent – en tant que ministre ou pas – dans la même équipe.

 Lotfi Mansour

PS : René et Daly : c’est ainsi que monsieur l’actuel Ministre et monsieur l’ex-président de la FTAV m’autorisent à les appeler… un privilège de l’âge peut-être.

Photo : René Trabelsi et Mohamed Ali Toumi à la soirée de Tunisia Hospitality Award le 19 juin 2019

 




Elections à la FTAV : le vrai enjeu

Prévues pour le 14 avril, les prochaines élections du bureau de la Fédération Tunisienne des Agences de Voyages et de Tourisme promettent du suspense entre une liste “Bleue”, prônant la « continuité », et une liste “Orange” qui mise sur le renouvellement. Menées respectivement par le Trésorier sortant (Jabeur Ben Attouch) et la Secrétaire Générale sortante (Nadia Ktata), les deux listes, au-delà des couleurs et des slogans, représentent deux tendances bien distinctes.

 

L’ombre de Toumi

Chacune des deux listes ne manque pas de personnalités connues et expérimentées, cependant elles n’ont pas les mêmes allégeances. De fait, le clivage réel entre les deux réside dans leur proximité réelle ou supposée avec le président sortant, Mohamed Ali Toumi. La liste “Bleue” est perçue comme proche de celui-ci et défendant sa vision. Les “Oranges” jouent, quant à eux, la carte du « renouvellement » et du « rassemblement » prônés dans leur vidéo de campagne (voir la vidéo).

Pour les agences de voyages, le choix serait donc entre, d’une part, une ligne dure – certains diront de guerre ouverte – dans les relations de la FTAV avec les autres acteurs du tourisme ; c’est la ligne mise en pratique par le Président sortant et qui a abouti à une quasi rupture des relations avec l’administration du Tourisme. Et d’autre part, une ligne pragmatique visant l’apaisement entre la FTAV et le reste du secteur.

Ce clivage, loin d’être anecdotique, risque de peser fort dans l’avenir de la FTAV. L’enjeu véritable de ces élections est bel et bien un choix entre l’isolement, même relatif, de la FTAV, ou sa réintégration dans le jeu d’influence et de négociation qui lie les fédérations professionnelles et l’administration du Tourisme.

                                                                                                                                           LM