Moez Belhassine, Ministre du Tourisme

Moez Belhassine, jusque-là Directeur Général de l’ONTT, est nommé Ministre du Tourisme. Un changement qui a le mérite d’atténuer les effets du turnover vécu jusque-là par le ministère du Tourisme, où le mandat des ministres se compte souvent en mois.

Une nomination qui ne devrait pas être synonyme de continuité, puisque le secteur est en attente de réformes qui n’ont que trop attendu, dont celle de l’ONTT lui-même.




Tourisme : les DMO, ça marche

La réunion du premier conseil de pilotage du projet “Les destinations du Sud-Est” vient non seulement entériner la viabilité des DMO Dahar et Djerba, mais annonce aussi l’accélération de la création des DMO Tunis-Carthage, Mahdia, Zaghouan et El Kef.

 

Le DMO (Destination Management Organisation) ou OGD (Organisme de gestion de la destination) est le nouveau modèle de gouvernance du tourisme consistant à fédérer l’ensemble des acteurs touristiques privés et publics pour optimiser la gestion d’une destination, et pour lequel l’OMT a mis en place un système de certification UNWTO.QUEST.

Le premier de ces organismes en Tunisie a vu le jour en 2018 avec le DMO Jebel Dahar sous la forme d’un syndicat professionnel (FTADD) et grâce au soutien du Secrétariat d’Etat suisse à l’économie (SECO) via l’association Swiss Contact.

Ce dernier ayant servi de projet pilote, celui de Djerba vient de voir le jour dans le cadre du projet Destinations Sud-Est, objet de la réunion d’aujourd’hui entre le Ministre du Tourisme, l’Ambassadeur de Suisse, Swiss Contact et l’ensemble des intervenants publics et privés. Lors de cette réunion, le Ministre du Tourisme a appelé à « généraliser cette expérience pilote à d’autres destinations régionales » notamment en coopération avec le programme Tounes Wejhatouna de l’Union Européenne et la GIZ.

Les régions concernées par ces créations de DMO seront Tunis-Carthage, Mahdia, Zaghouan et El Kef. Il s’agirait pour chacune de ces régions de trouver un positionnement qui lui est propre et à partir duquel se construirait sa stratégie touristique. En effet, si le Dahar se prévaut de son “authenticité” avec sa base line « Voyage en terre authentique » et les thématiques d’un tourisme durable, Djerba devrait mettre en avant ses atouts culturels, sans nier pour autant son statut de grande destination d’agrément ni son rang de première destination de thalassothérapie du pays.

De même pour la région de Tunis-Carthage qui devrait capitaliser sur ses nombreux atouts (touristiques et para-touristiques, culturels…) pour s’affirmer en tant que grande destination d’affaires, de congrès et d’incentives.

Ainsi, le lancement des DMO régionaux répond à l’une des recommandations des Assises du Tourisme (2017) : « adopter une approche marketing pour le pays, par produits et par région ». A charge de l’ONTT maintenant d’« assurer une cohérence globale entre les différents niveaux de communication (Tunisie vs régions) » comme le préconise le rapport final des mêmes Assises.

Lotfi Mansour

 




« Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne »

Le 8 juin, Nissaf Ben Alaya, Directrice de l’Observatoire des maladies nouvelles et émergentes, parlait déjà de l’éventualité de « circuits contrôlés » pour les touristes. Devant le tollé suscité par cette déclaration, le Ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Mohamed Ali Toumi, réagissait le 9 juin sur Shems Fm : « Ça n’a pas de sens qu’un touriste ne sorte pas de l’hôtel, reste à savoir comment ».

Le 14 juin, le Chef du Gouvernement, Elyes Fakhfakh, à la question de savoir si le touriste pourrait se promener sur la plage ou à côté de l’hôtel, répondait : « Le touriste restera à l’hôtel. Il restera à l’hôtel, je lui interdirai [de sortir], il ne sortira que pour un circuit encadré sans aucun contact [avec les locaux] et n’ira pas non plus dans les souks ».

Par cette déclaration, notre Chef du Gouvernement a inventé “le touriste qui ne fait pas de tourisme” et nous attendons toujours la réaction du Ministre du Tourisme et de l’Artisanat.

L’ancien ministre français J.-P. Chevènement disait : « Un ministre, ça ferme sa gueule. Si ça veut l’ouvrir, ça démissionne ». Manifestement, notre Ministre du Tourisme et de l’Artisanat a choisi de « fermer sa gueule ».

Lotfi Mansour

 

 




Des mesures, pas encore de plan de relance

Le Ministre du Tourisme a annoncé des mesures à même de soulager la trésorerie des entreprises du secteur. Des mesures qui soulèvent cependant quelques questions.

 

Lors de sa conférence de presse tenue aujourd’hui, le Ministre du Tourisme et de l’Artisanat a annoncé notamment les détails de la ligne de crédit de 500 millions de dinars auprès des banques, et dont seulement 100 millions seront garantis par l’Etat.

Ces crédits seraient octroyés pour une durée de 7 années avec période de grâce de 2 ans aux seules entreprises du tourisme et de l’artisanat, à un taux dit bonifié « ne dépassant pas le taux monétaire du marché », et à la condition expresse que les entreprises bénéficiaires aient préservé et préservent à l’avenir tous les emplois existant avant la crise.

Exceptionnel, ce taux (6,75%) n’en demeure pas moins supérieur à la rentabilité attendue pour le secteur en l’absence de perspective d’activité même partielle. Le Ministre parle d’un niveau d’activité « avoisinant zéro d’ici mars 2021 ».

Ces crédits généreront de ce fait un surcoût, qui s’ajoutera à ceux qu’occasionnera le nouveau protocole sanitaire. Il s’agit donc d’une pilule bien amère que nos entreprises seront contraintes d’avaler pour survivre.

De plus, parmi les conditions d’éligibilité à cette ligne de crédit, l’entreprise bénéficiaire devrait justifier d’une baisse de son chiffre d’affaires d’au moins 25% en mars et d’au moins 40% en avril. Mais quid des nombreux hôtels saisonniers qui n’ouvrent habituellement qu’au mois de mai ?

Pas de quoi pavoiser donc. Le salut des entreprises du tourisme demeure dans une relance rapide de l’activité. A ce propos, le Ministre parle d’un plan d’action qui sera annoncé incessamment sous peu.

Attendons et croisons les doigts.

Lotfi Mansour

 




A quoi s’occupe notre Ministre ?

Plus de deux mois après le début de la crise du Covid19, les entreprises du tourisme vivotent de promesses qui ne feront qu’attendre. Comme des naufragés, ils s’accrochent à l’épave qu’est devenu leur secteur ; des naufragés aux poings liés puisqu’ils ne peuvent répondre aux questions que leur poseront inéluctablement les tour operators, les agences de voyages et les clients locaux : quand est-ce que vous ouvrez vos hôtels ? Quand est-ce que vous ouvrez votre espace aérien ? Quand est-ce que vous informez sur votre protocole sanitaire ? Est-ce que votre gouvernement est en train de négocier des “pactes de réciprocité” comme le font l’Italie, l’Espagne, la France et l’Allemagne ? Et si oui, avec qui ?

Aucune réponse à ces questions, ni même à celle du début de l’autorisation de déplacement entre régions du pays ; ni à celle de savoir s’il y aura un plan pour le tourisme local ; ni même concernant le fameux fonds de garantie de 500 millions qui ne sera, en l’absence de mesures de relance de l’activité, qu’un boulet de plus aux pieds des entreprises qui couleront ainsi plus rapidement. Sinon, à quoi cela rime d’octroyer des crédits (même à taux bonifié) pour des entreprises à l’arrêt ou avec si peu d’activité, et dont on augmente tous les coûts d’exploitation ?

A toutes ces questions, le Ministre du Tourisme et de l’Artisanat répond par des promesses qui n’engagent que ceux qui les croient, des webinars à mourir d’ennui, des réunions avec son homologue des Finances qui n’aboutissent apparemment pas encore à des décisions, et des photos bien léchées avec ses équipes, avec des ambassadeurs, et mêmes des éboueurs.

Est-ce seulement à ça que s’occupe notre Ministre, ou doit-on donner du crédit aux rumeurs… ?

Lotfi Mansour




D’un professionnel à un autre

Au-delà des déclarations de circonstance, la cérémonie de passation au ministère du Tourisme entre R. Trabelsi et M.A. Toumi était empreinte de beaucoup d’émotion, tant le Ministre sortant et son successeur comptaient d’amis parmi l’assistance.

On retiendra des discours de l’un et de l’autre l’engagement de René Trabelsi à rester au service du tourisme tunisien, tant à travers sa société qu’à titre personnel ; et celui de Mohamed Ali Toumi à continuer le travail accompli par son prédécesseur, mais aussi à remettre à l’ordre du jour les dossiers de réformes restés en suspens ces dernières années.




La FI2T communique

A l’occasion de la passation de pouvoir entre René Trabelsi et Mohamed Ali Toumi qui se déroule ce matin à 10h au ministère du Tourisme et de l’Artisanat, la FI2T félicite, dans un communiqué, R. Trabelsi et se félicite de l’arrivée de son successeur.

Communiqué


La Fi2T (Fédération Interprofessionnelle du Tourisme Tunisien) remercie vivement M. René Trabelsi, Ministre sortant du Tourisme et de l’Artisanat, pour son excellente implication dans l’Industrie du Tourisme du 5 novembre 2018 au 27 février 2020. La Fi2T se félicite de l’excellente écoute et collaboration dont a fait preuve M. le Ministre René Trabelsi durant son mandat. Une réelle dynamique s’est instaurée entre M. le Ministre René Trabelsi et les divers acteurs du Tourisme Tunisien, notamment la Fi2T, afin de sortir des sentiers battus et d’imaginer un nouveau Tourisme Tunisien. La Fi2T se félicite également de la nomination de M. le Ministre Mohamed Ali Toumi en tant que nouveau Ministre du Tourisme et de l’Artisanat. La Fi2T souhaite tout le succès à M. le Ministre Mohamed Ali Toumi, figure reconnue et appréciée par l’ensemble des professionnels du secteur. La Fi2T se veut une force de proposition et d’action auprès de M. le Ministre Mohamed Ali Toumi, afin que la Tunisie saisisse les nouvelles opportunités qui se présentent à elle sur des niches à forte valeur ajoutée. Bonne chance M. le Ministre Mohamed Ali Toumi.

La FI2T




Ne nous quitte pas…

Ton départ du ministère du Tourisme n’est pas une fin… Au contraire : c’est le début d’un long chemin que tu dois parcourir pour nous réconcilier avec notre identité, notre « exception culturelle » à nous.

Tu as déjà débroussaillé le terrain en faisant prendre conscience aux nouvelles générations qu’un Tunisien juif est d’abord un Tunisien.

En France, les « tunes », longtemps moqués par les autres juifs du Maghreb, n’ont-ils pas en vérité été jalousés pour leur bonhommie, leur jovialité qui frise parfois l’exubérance ? Bref, pour leur tunisianité, qu’ils s’entêtent à exhiber à la manière d’un Michel Boujenah qui reçut un jour cet hommage en guise de reproche : « Arrête de dire que tu es tunisien, cela se voit tellement ! ».

Oui, un juif tunisien est d’abord un Tunisien ; mais ne peut-on pas aussi dire que tout Tunisien pourrait être “un juif qui s’ignore”, tant nos racines sont  entremêlées ?
Au-delà des “vérités d’historiens”, la Tunisie nouvelle n’a-t-elle pas besoin que chacun se mette à la place de l’autre, ne serait-ce qu’un instant ? Il t’est bien arrivé à toi, René, de présenter une idée que tu jugeais géniale en disant : « J’ai eu une idée de juif ! » car c’est ce que diraient beaucoup de tes compatriotes musulmans qui n’ont pas toujours ton humour.

Quoi qu’il en soit, la Tunisie nouvelle a besoin de retrouver ses parties d’elle-même qu’elle semble vouloir ignorer ; des minorités parfois privées des plus basiques des droits, comme ces Tunisiens noirs, chez toi à Djerba, qu’on continue à vouloir enterrer dans un cimetière séparé.

J’en viens maintenant à mon souhait : présente-toi aux prochaines élections législatives pour être le porte-voix de ces minorités sans voix. Tu serais le candidat d’une Tunisie apaisée et réconciliée avec elle-même.
En attendant, le nouveau gouvernement serait bien inspiré de te proposer le titre d’ambassadeur de bonne volonté pour servir l’image du pays, comme tu sais si bien le faire. Tu pourrais aussi créer une association pour servir ce même objectif, laquelle association s’appellerait, comme il se doit, “Tunisie mon amour”…

A toi de voir laquelle de ces voies te conviendrait le mieux, mais… ne nous quitte pas.

Lotfi Mansour




Tourisme : la continuité et le changement

Un bon ministre, c’est bien. Un gouvernement pro-tourisme, c’est encore mieux

 

La reconduction de René Trabelsi à la tête du ministère du Tourisme – auquel est adjointe une Secrétaire d’Etat à l’Artisanat, Najet Nefzi – est une bonne nouvelle pour un secteur en quête de stabilité et de continuité. Si cette reconduction constitue une reconnaissance de l’efficacité et du pragmatisme du Ministre du Tourisme, ce dernier n’en sera pas moins attendu et jugé, lors de son nouveau mandat, sur sa capacité à mener à terme une stratégie dont il a décrit les contours ces derniers mois.

Le mot d’ordre de cette stratégie est la croissance du secteur qui passera notamment par trois axes :
– diversification et qualité de l’offre : relance du tourisme saharien, du tourisme de bien-être, du tourisme culturel ; mise en place des nouvelles normes hôtelières…
– rééquilibrage de la commercialisation : atténuer la saisonnalité, renforcer les marchés européens pourvoyeurs de devises, hâter l’Open Sky pour attirer une nouvelle clientèle et développer les courts séjours…
– restructuration de l’ONTT et remise à niveau du parc hôtelier tunisien, y compris par l’assainissement des hôtels en difficulté.

Tous ces points sont dans l’agenda du Ministre du Tourisme, et il ne manque pas de compétences à l’ONTT et au sein des fédérations professionnelles pour les mener à bien. Reste la volonté politique de reconnaître au secteur sa vraie place de moteur de l’économie tunisienne et, en ces temps de disette financière, sa capacité à réduire les besoins de financement du pays.

En effet, il est temps de cesser d’accabler le secteur sous prétexte qu’ « on en a fait assez pour le tourisme », comme le déclarait feu Béji Caïd Essebsi en 2012, alors qu’il était chef du gouvernement, au président de la FTH d’alors.

Il est temps, pour l’actuel Président du gouvernement, de tourner cette page où nos politiques s’évertuaient à se tirer une balle dans le pied qui fait avancer l’économie du pays.

Lotfi Mansour




Vidéo - René Trabelsi : ce qui est fait, ce qui reste à faire…

Entretien avec René Trabelsi. A bientôt un an de son arrivée à la tête du ministère du Tourisme et de l’Artisanat, il livre son bilan et se livre : ses convictions, ses projets, ses coups de foudre…