Le coup de sang d’Adel Boussarsar

Le tort d’Adel Boussarsar est-il d’avoir cru en la diversification prônée par l’Etat tunisien ? Avec l’annonce de la mise en vente de ses neuf hôtels, sa réaction est violente.

 

Le premier tort d’Adel Boussarsar est-il d’avoir cru en la diversification prônée par l’Etat tunisien, en s’impliquant dans deux unités à Tabarka, quatre dans le Sud et même un golf à Tozeur ? Sa deuxième erreur était-elle d’avoir cru aux promesses de soutien des gouvernements post-révolution successifs ? Seule l’intensité de sa foi dans la politique touristique du pays explique la violence de sa réaction d’aujourd’hui avec la mise en vente de ses neuf hôtels, parue ce mois-ci dans la presse.

On se souvient tous de l’appel lancé par le premier gouvernement post-révolution à l’adresse des hôteliers pour qu’ils maintiennent les emplois, contre des promesses de restructuration, de soutien, et autres mesures* dont on attend toujours de voir la couleur.

Les unités de la chaîne Golden Yasmin situées dans le Sud avaient répondu positivement à cet appel en maintenant les emplois et en procédant aux augmentations de salaires négociées par les partenaires sociaux. Pour ces unités, ces trois années se soldent par des RBE négatifs (respectivement -1,2 millions, -0,3 millions et -,057 millions de dinars) et par une augmentation vertigineuse de la masse salariale qui représentait 94% du chiffre d’affaires en 2011, 55,5% en 2012 et 58,5% en 2013. Des ratios qui mettraient à terre les plus solides des entreprises. Voilà un des paradoxes des unités Golden Yasmin du Sud tunisien** et de tous les hôtels de la région.

La mise en vente de l’ensemble des établissements de la chaîne Golden Yasmin exprime la colère d’un patron lassé d’entendre des promesses et d’attendre des mesures qui ne viennent pas. Cette colère est d’autant plus justifiée que la chaîne d’Adel Boussasar vit la même situation à Tabarka, autre région de « diversification régionale » voulue par l’Etat tunisien.

Aujourd’hui, l’ancien fonctionnaire, qui a agi en investisseur patriote, est désespéré de constater « l’absence d’une gouvernance du secteur digne de ce nom » et la pression des banques sur un secteur aux abois. Au lieu de voir le gouvernement se pencher sur un vrai plan de soutien des hôtels du Sud et de relance du secteur dans son ensemble, il craint de faire une fois de plus l’expérience des annonces sans lendemain.

Il nous reste à espérer que nos décideurs saisissent, grâce à ce geste d’abandon, la gravité de la situation et agissent en conséquence.

 

* les mesures demandées par les hôteliers concernent les cotisations patronales de CNDD, la baisse du taux d’intérêt bancaire pour la dette des hôtels et la réduction de la TVA.
** trois hôtels et un campement.

 

 




Centenaire du voyage de Klee : la Tunisie joue petit bras

« Ce programme est un hommage que nous rendons à ce qu’a apporté la Tunisie au monde moderne ». C’est ainsi que Christiane Bohrer, du Goethe Institut, a présenté hier le programme commémorant le centenaire du voyage effectué en 1914 dans notre pays par les peintres Klee, Macke et Moilliet. Un voyage qui a marqué un tournant dans l’histoire de l’art, surtout grâce à l’œuvre du Germano-Suisse Klee, grand pionnier de l’art moderne.

Pourtant, la commémoration de l’événement un siècle plus tard risque de manquer d’éclat. La seule manifestation de grande envergure serait la venue en Tunisie d’œuvres originales des peintres – mais le projet se heurte encore à des problèmes d’autorisations. Quant à la participation de l’Etat tunisien (à travers les ministères de la Culture et du Tourisme), elle se limite à soutenir la venue d’un orchestre de 80 musiciens pour deux concerts, les 11 et 13 mars – en plus d’un voyage de presse organisé le mois dernier par l’ONTT Allemagne. La dimension internationale de Paul Klee justifierait pourtant d’organiser des événements exceptionnels sur tous nos marchés.

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Paul Klee, vor den Toren von Kairuan, 1914. August Macke, Terrasse des Landhauses in St. Germain, 1914 (Saint-Germain est aujourd’hui Ezzahra).
En haut : Paul Klee, « Mondaufgang (St Germain) », vers 1915.

 

Le rêve de Hamadi Cherif

Le projet d’exposer en Tunisie des œuvres de Klee et Macke était porté par le galliériste Hamadi Cherif, malheureusement décédé le mois dernier. Un rêve qui l’avait conduit à de nombreux voyages, ces dernières années, pour rencontrer musées et collectionneurs privés. L’exposition pourrait se tenir malgré tout au musée du Bardo ; mais il sera difficile d’obtenir les autorisations pour les aquarelles de Klee, particulièrement fragiles.

En attendant, on pourra tout de même admirer des photos de voyage en Tunisie prises par Macke et par Gabriele Münter, compagne de Kandinsky (autre grand artiste de l’époque) à la galerie Cherif Fine Art de  Sidi Bou Saïd. Et l’Espace Art Sadika présentera une série de tapis et tissages inspirés de l’œuvre de Klee, ainsi qu’un beau-livre sur le thème de Klee et le tapis tunisien.

Un voyage qui a changé le monde

« Le monde devrait remercier la Tunisie ! » Ce cri du cœur d’une journaliste allemande en Tunisie exprime bien l’idée qu’on a en Europe de ce voyage, particulièrement dans les pays germanophones. « En Allemagne, quand on dit Tunis on pense à la “Tunisreise”, le Voyage de Tunis effectué par les trois peintres. Le monde a changé depuis un siècle grâce à ce voyage, et grâce à cette lumière particulière de la Tunisie. » Aussi est-il incompréhensible que la destination ne tire pas avantage de cette référence universellement connue, « alors que cela fait plus de deux siècles que l’Italie exploite le Voyage en Italie de Goethe ! »

L’Ambassadeur de Suisse, dont le pays coorganise les manifestations de ce centenaire, l’a dit lui aussi : la Tunisie reste un pays à la beauté unique où « quiconque a une sensibilité culturelle doit se sentir inspiré ».

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Conférence de presse au palais Ennajma Ezzahra. Les différents projets présentés sont organisés par l’ambassade de Suisse, l’ambassade d’Allemagne avec ses deux agences culturelles (Goethe Institut et DAA) et l’Espace Art Sadika.

Les célébrations comptent par ailleurs des rencontres et expositions  au Printemps des Arts de Hammamet, et la pose de plaques commémoratives par la municipalité de Sidi Bou Saïd. 

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Les directeurs de Tunisair enfin innocentés

Les poursuites ont été abandonnées contre les quatre anciens directeurs de Tunisair en France dans l’affaire de l’emploi fictif.

 

Les quatre anciens directeurs de Tunisair en France, Hammadi Ghlala, Ali Miaoui, Habib Ben Slama (ci-dessus) et Abdelaziz Jbali (aujourd’hui à la retraite) ont été innocentés par la chambre d’accusation qui a abandonné les poursuites à leur encontre. Cependant trois anciens PDG restent poursuivis dans la même affaire, à savoir Tahar Haj Ali, Nabil Chetaoui et Youssef Néji.

Pour les anciens directeurs de Tunisair, c’est un non lieu pour une affaire qui n’aurait jamais dû avoir lieu. Ces cadres – tout comme d’ailleurs les PDG actuellement poursuivis – ne pouvaient en aucun cas influer sur la décision de l’ancien Président de la République de nommer sa nièce à Tunisair France. Le préjudice pour ces quatre anciens directeurs est immense, tant sur le plan moral que matériel, plus particulièrement pour Habib Ben Slama qui a croupi près d’un an en prison.




Vendôme se développe en Algérie

Après Timimoun dans le Sud algérien, Vendôme Management, dirigé par Karim Métahni, signe deux contrats de gestion avec les hôtels Liberté et Jasmin à Oran.

Le premier est un 4 étoiles de 106 chambres qui portait jusque-là l’enseigne Best Western, et le second est un apparthôtel en construction. Les deux établissements porteront l’enseigne Vendôme.




En Tunisie et nulle part ailleurs

Ceux qui ont pu voyager en Méditerranée le savent. C’est en Tunisie et nulle part ailleurs qu’on a ces plages d’un sable merveilleusement fin. C’est en Tunisie et nulle part ailleurs qu’on peut s’offrir, sans se ruiner, des vacances dans des resorts où s’expriment à la fois le dévouement d’employés souriants même quand ils sont sous-payés, et la créativité d’architectes, décorateurs et artisans qui y donnent toute la mesure de leur talent. C’est en Tunisie et nulle part ailleurs qu’on peut rencontrer, au détour d’un couloir d’hôtel, l’œuvre d’un maître comme Gorgi ou celles des plus grands peintres tunisiens d’aujourd’hui.

C’est cette Tunisie qui a damé le pion à tant de destinations balnéaires depuis quarante ans. Et c’est cette Tunisie que tant de destinations ont imitée pour mieux la dépasser : dans son sillage, tour à tour la Turquie, le Maroc et l’Egypte se sont mis au balnéaire.

Aujourd’hui, il est malheureux de constater que c’est en Tunisie et nulle part ailleurs qu’un ministre du Tourisme dénigre ceux-là même qu’il est censé défendre. Au moment où bon nombre de nos hôtels sont à l’agonie, Mme Karboul a cru bon de déclarer hier à Tourmag (magazine professionnel lu par des agents de voyages français déjà hésitants à vendre la Tunisie) : « Nos visiteurs viennent en vacances au bord de la mer dans des hôtels qui pourraient être partout ailleurs dans le monde ».

Mais par quoi Mme la Ministre va-t-elle remplacer ce foutu balnéaire et ses hôtels sans âme? Par le tourisme saharien ? Par le tourisme de santé ? Par le MICE ? Que nenni. Sa réponse est sidérante : « créer des circuits, ouvrir des maisons d’hôtes, développer l’éco-tourisme ». Il manque juste l’agri-tourisme et les campings.

Savez-vous, Mme la Ministre, combien de clients accueillent ou accueilleront les maisons d’hôtes ? combien d’employés elles occupent ou occuperont ? combien de devises elles rapportent ou rapporteront ?

A-t-on besoin d’expliquer à une consultante comme vous, Mme la Ministre, qui plus est passée par le Boston Consulting Group, que les « Vaches à lait »* comme le balnéaire permettent à elles seules de financer les « Dilemmes »* qui ne seront peut-être que des « Poids morts »* ? Savez-vous que ce sont ces « Vaches à lait », par ces temps de vaches maigres, qui nous permettent encore de faire bouillir nos marmites ?

Dénigrer la quasi totalité du parc hôtelier tunisien, rabaisser le produit phare de notre tourisme pour vanter un produit de niche qui est encore en gestation, c’est lâcher la proie pour l’ombre.

Si ces déclarations expriment réellement la pensée de notre Ministre, il y a de quoi désespérer du tourisme et des ministres du Tourisme.

Lotfi Mansour

 *  Voir « Matrice BCG » et « SBU » (Strategic Business Unit)




Trois vérités sur M. Toumi

Hier, sur le plateau de Nessma TV, le président de la FTAV Mohamed Ali Toumi nous a paru comme un amnésique qui a tout oublié, sauf sa haine envers un ancien ministre. Nous jugeons qu’il est temps de lui rappeler trois petites vérités.

– Cet honorable agent de voyages, candidat malheureux au poste de Ministre du Tourisme, est l’auteur du plus grand fiasco en communication de l’année 2013 avec son événement pompeusement dénommé “Barsha”. Mal préparé par M. Toumi, cet événement s’est révélé un échec et un gouffre financier, dont l’ONTT a dû passer au peigne fin les factures présentées pour remboursement – et ne supportera finalement qu’une partie des frais, le reste étant à la charge de la FTAV. Cette attitude du Ministère et de l’ONTT a marqué le début du désamour entre M. Toumi et le Ministre du Tourisme sortant, et peut-être même de tous les cadres de l’ONTT.

– Sur le plateau de Nessma, Mohamed Ali Toumi revendiquait le droit de participer à toutes les étapes des études que mène le Ministère et se gaussait de la non application de l’étude “Stratégie 2016” pour le tourisme. Une demande qui serait légitime si le même Toumi n’avait pas mis dans les placards de la FTAV l’étude “L’Agent de voyages de demain, perspectives de développement et plan d’action”. Cette étude, financée en grande partie par l’Administration, a préconisé une stratégie en cinq axes et un plan d’action en dix points dont l’exécution par la FTAV devait s’étaler d’avril 2012 à octobre 2013. De cette étude, rien n’a été réalisé à ce jour. Des dizaines de milliers de dinars jetés par la fenêtre, sur lesquels M. Toumi n’entend rendre de comptes à personne.

– Enfin, monsieur Toumi demande à l’Etat d’imposer aux hôteliers la signature en euros pour les contrats avec les TO. Oubliant que beaucoup d’hôtels le font déjà, il oublie aussi de se concerter avec son collègue de la FTH (bizarrement absent du plateau) sur ce sujet ; il oublie surtout de nous dire qu’il ne sait pas de quoi il parle, puisqu’il n’est le réceptif d’aucun TO.

A suivre…

Lotfi Mansour




Where is the beef ?

Mme Karboul est bien partie pour être la Ministre du Tourisme la plus populaire des trente dernières années. C’est bien normal, elle y consacre apparemment le plus clair de son temps. Mais depuis un mois, point de réformes ni de décisions à la hauteur des défis du secteur… ou si peu.

 

Notre jeune et prometteuse Ministre du Tourisme annonçait, lors de sa nomination, qu’elle venait « pour sauver non pas cette saison mais les vingt saisons à venir ». Une déclaration qui a démultiplié nos espoirs, déjà grands, de voir enfin un ministre attaquer de front les vrais dossiers du secteur.

Un mois après cette annonce tonitruante, on attend toujours les décisions de Mme Karboul. Bien sûr, il y a eu le limogeage de Habib Ammar ; mais cette décision avait été prise avant même son arrivée. Il y a eu aussi la soirée sur la gastronomie tunisienne où étaient invités tous les anciens ministres du Tourisme – sauf le prédécesseur de Mme Karboul ; or c’est celui-là même qui avait programmé cette soirée initiée par Zouheir Ben Jmiaa. Bien sûr, Mme Karboul s’est illustrée, lors des “Dunes électroniques”, avec son sens de l’animation. Seulement voilà, les “Dunes” sont l’œuvre d’un privé et avaient été programmées depuis quelques mois.

Si de nombreux touristes tunisiens étaient présents aux “Dunes électroniques”, c’est grâce au dynamisme d’agences de voyages telles que Traveltodo, et à un accord – conclu avant l’arrivée de Mme Karboul – entre Tunisair Express et l’ONTT pour la mise en place de vols supplémentaires Tunis-Tozeur subventionnés par l’Office. Alors que reste-t-il de l’œuvre de Mme Karboul à part son enthousiasme ? Malheureusement pas grand-chose. C’est un peu « la brebis qui se flatte de l’embonpoint du mouton », comme le dit le dicton (que Dieu pardonne à nos ancêtres leur langage si peu diplomatique !).naaja

Bien sûr que notre Ministre a encore de quoi tenir la une des journaux dans les prochains jours, et les prochaines semaines : avec un énième épisode du jeu des chaises musicales à l’ONTT, avec le Festival de Carthage à propos duquel on parlera de Shakira et de Fayrouz, ou avec la relance de l’UGPO, la fameuse Unité de gestion par objectif créée par Elyes Fakhfakh et qui avait été enterrée par Jamel Gamra. Mais celle-ci ne fera reparler d’elle que pour amuser la galerie, puisque l’UGPO n’a ni les moyens ni les compétences de ses ambitions.

On ne peut s’empêcher, en suivant l’activité de Mme la Ministre, de se demander, comme dans une célèbre publicité de hamburgers des années soixante : « Where is the beef ? » – « Où est la viande ? », pour dire qu’il manque l’essentiel.

Mme Karboul sait se montrer sympathique, mais ce n’est pas là l’essentiel du travail d’un ministre – “errassmi” comme on dit chez nous. Ce ne pourrait en aucun cas être “faire le tourisme” puisque l’administration ne possède ni les hôtels, ni les agences de voyages ni les compagnies aériennes ni les TO dont c’est la vocation. Le travail d’un ministre, c’est de créer les conditions favorables pour que les entreprises puissent agir. Et pour ne pas rendre trop long cet article, je citerai un aspect dont Mme Karboul devrait nous dire ce qu’elle en pense, à savoir la réforme de l’administration.

En effet, en même temps que nous possédons en Tunisie le budget de promotion le plus bas parmi nos concurrents, nous avons l’administration du Tourisme la plus budgétivore au monde. Selon un décompte que nous avons réalisé il y a quelques années sur la base des chiffres de l’OMT, nous avions constaté que notre administration était la seule au monde à consacrer 70% du budget du Tourisme aux dépenses de fonctionnement, contre seulement 30% aux dépenses de promotion. Ailleurs dans le monde, c’est l’inverse. Il semble que depuis, nous en sommes à 60/40 ; mais le mal est toujours là.

Nos ministres préfèrent s’ingénier à créer de nouvelles taxes pour renflouer le budget de promotion, au lieu de s’attaquer à ce mal qui engloutit l’argent du contribuable sans preuve d’efficacité. Au lieu d’une telle réforme structurelle qui suppose la création d’une agence de promotion, Mme Karboul semble nous dire que « le système est bon, seuls les individus sont mauvais ». Et notamment les individus dont la tête ne lui revient pas : « Celui-là, je ne veux plus voir sa tête », l’a-t-on entendu proférer.

Alors, Mme Karboul, vous nous avez assez amusés comme ça. Il est temps pour vous de nous étonner avec des idées et des mesures innovantes qui mettraient notre tourisme à l’abri « pour les vingt prochaines années », comme vous l’avez promis.

Lotfi Mansour




Entretien avec Romain Avril, The Rezidor Hotel Group


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On vous prête un plan de développement ambitieux en Tunisie. Qu’en est-il vraiment à court et moyen terme? Serait-ce toujours avec l’enseigne Radisson Blu ?

Romain Avril
Notre objectif est de nous concentrer sur les destinations stratégiques en Tunisie. Nous sommes présents sur le marché tunisien avec succès depuis 2006 avec l’ouverture du Radisson Blu Resort & Thalasso Djerba qui s’est vite positionné comme un établissement référence sur le marché touristique tunisien. Après nos deux Radisson Blu à Djerba et celui de Hammamet qui a ouvert l’été passé, notre priorité est de nous implanter à Tunis, où nous regardons attentivement le marché. Nous sommes également intéressés par Sousse pour des hôtels balnéaires qui offriraient aussi les prestations d’un hôtel d’affaires. Monastir et Sfax nous intéressent aussi. En tout, notre objectif à court ou moyen terme est d’atteindre le nombre d’environ sept hôtels Radisson Blu en Tunisie.

Quel type de contrat proposez-vous aux propriétaires tunisiens ? La gestion pour compte sera-t-elle toujours de mise ?

Absolument. En Tunisie, et plus généralement en Afrique, nous proposons exclusivement la gestion pour compte qui nous semble la plus adaptée à l’étape actuelle de développement de l‘hôtellerie sur le continent. Notre souci est le respect et l’application de nos standards, et de maintenir la notoriété et l’image de marque de Radisson Blu ; la formule de gestion pour compte est la mieux adaptée à nos exigences et permet aux investisseurs de pouvoir bénéficier au maximum de notre savoir-faire sur les aspects techniques, opérationnels ainsi que le marketing et l’accès à nos réseaux de distribution au niveau mondial.

Qu’en est-il de l’Algérie où vous semblez aussi bien présents ?

L’Algérie nous intéresse particulièrement, tant pour Radisson Blu que pour Park Inn by Radisson, et nous sommes en négociation avec plusieurs hôtels dans les principales villes du pays. Le marché hôtelier algérien constitue sans aucun doute l’un des plus prometteurs du continent africain. Les chaînes hôtelières sont encore peu présentes en Algérie et les perspectives du marché sont très encourageantes. Notre objectif est de conclure avec vingt hôtels à l’horizon 2020. Nous commencerons par un Radisson Blu à Alger, dans le quartier d’Hydra, qui est en cours de construction et qui ouvrira le deuxième semestre de 2015.

De par votre implantation mondiale, comment évaluez-vous le potentiel dans la région du Maghreb et plus particulièrement en Tunisie ? En quoi la Tunisie est-elle attractive pour des chaînes telles que la vôtre, et quels sont les domaines où elle doit apporter des améliorations ?

La Tunisie jouit d’une position géographique idéale qui la rend toute proche des grands marchés émetteurs de touristes où le groupe Carlson Rezidor compte une forte présence (France, Allemagne, Royaume-Uni…), ceux-ci n’ayant pas à souffrir d’un décalage horaire. Cette position est soutenue par une bonne connexion aérienne avec l’Europe, même si ce n’est pas le cas de Djerba qui souffre du manque de programmation charter et de l’absence de lignes régulières pour attirer la clientèle affaires.
La Tunisie bénéficie par ailleurs d’une bonne infrastructure et d’un bon parc hôtelier avec un personnel suffisamment formé grâce aux écoles hôtelières.

Cependant, les hôteliers tunisiens ont tendance à oublier de vendre la destination. Je trouve qu’ils ne se rendent pas assez compte qu’il est plus avantageux pour eux de se regrouper afin de mieux la valoriser pour optimiser les résultats de leurs propres actifs, et pour contrer cette image de destination bon marché. Pour notre part, nous avons pu voir avant 2011, avec le Radisson Blu Resort & Thalasso, Djerba, qu’il était possible de gérer un resort avec une bonne profitabilité et une activité soutenue tout au long de l’année. Bien évidemment, le contexte politique depuis la révolution a constitué un frein pour le secteur mais les récentes évolutions représentent un réel motif d’optimisme pour les prochaines années à venir.

radisson hammametLe nouveau Radisson Blu Resort & Thalasso Hammamet.




J'aime, je n'aime pas…

Saint-Valentin oblige, nous republions l’édito en forme de déclaration d’amour que nous écrivions en 1998 dans le magazine Profession Tourisme. Et qui reste (presque) toujours d’actualité… à part quelques détails comme la disparition de Couleurs Locales, de Républic Tours, de Sprintours et du Tunis Convention Bureau. C’est dire si le tourisme tunisien a avancé.

Etats d’âme

par Lotfi Mansour

J’aime…

J’aime nos progressions à deux chiffres sur certains marchés, surtout quand elles se répètent plusieurs années de suite. J’aime le rôle que joue le tourisme dans l’économie nationale. J’aime le travail de fourmi qu’effectuent quelques représentants de l’ONTT. J’aime la passion qu’ont certains professionnels pour le secteur et pour leur métier, j’aime autant leurs coups de gueule que leurs coups de maître. J’aime voir travailler le bataillon de jeunes et de moins jeunes commerciaux et directeurs des hôtels et des agences. J’aime les Couleurs Locales, Républic Tours, Air Marin, Sprintours et autres TO tunisiens qui n’ont rien à envier à leurs confrères européens. J’aime par-dessus tout Tunisair, j’aime Nouvelair comme j’aime par anticipation ce que sera Tuninter. J’aime le projet d’aéroport à Enfidha comme j’aime le nouveau visage de l’aéroport de Tunis. J’aime nos banques quand elles s’investissent à Hammamet Sud, à Tabarka ou à Kerkennah. J’aime nos 25 centrales d’épuration de l’eau, nos routes et autoroutes. J’aime l’AFT et l’Agence nationale de protection du littoral. J’aime nos régions et nos paysages comme j’aime la lumière qui les baigne et les rend uniques au monde, j’aime tout ce qui me fait aimer la Tunisie et la fait aimer à nos hôtes et à nos partenaires.

Je n’aime pas…

Je n’aime pas les marchandages et querelles autour du montant du Fonds de compétitivité ; je n’aime pas non plus l’absence de critères clairs pour la répartition du budget de promotion sur les différents marchés. Je n’aime pas par avance la polémique que nous aurons sur les nouvelles normes hôtelières. Je n’aime pas la faiblesse du taux moyen d’occupation dans l’hôtellerie. Je n’aime pas les super taxes appliquées aux boissons alcoolisées dans nos hôtels. Je n’aime pas l’Observatoire du tourisme quand il garde pour lui le résultat de ses observations. Je n’aime pas qu’on confonde le marketing avec les dîners gala. Je n’aime pas trop le all inclusive et encore moins le time share. Je n’aime pas notre image de destination “bon marché ”. Je déteste les tour operators low cost comme je hais les hôtels low quality. Je n’aime pas qu’un seul TO détienne sur son marché 50% des départs sur la Tunisie. Je n’aime pas le manque de liaisons aériennes sur Tabarka et sur Tozeur. Je n’aime pas le Conseil supérieur de la chasse. Je n’aime pas l’état actuel de l’Institut supérieur de Sidi Dhrif. Je n’aime pas que le Tunis Convention Bureau soit dirigé par un cadre de l’ONTT, fût-il excellent. Je n’aime pas le manque de moyens de la direction des nouveaux produits qui la fait ressembler à une coquille vide. Je n’aime pas la direction de la communication de l’ONTT ni le style de ses communiqués. Je n’aime pas trop nos stands à l’étranger et encore moins les dépliants d’hôtels qui s’y entassent. Je n’aime pas l’état dans lequel se trouvent les agences de voyages. Je n’aime pas l’absence de logo de la Tunisie en tant que destination. Et pour plaire au plus grand nombre, j’ajouterai que je n’aime pas trop cet édito ni ce numéro de Profession Tourisme.




Un nouveau DG à l’ONTT

Khaled Trabelsi, actuel DGA de l’Office National du Tourisme, accède à la direction générale en remplacement de Habib Ammar. Ce dernier aura passé quatre ans à l’ONTT, dans une période de crise qui, au-delà du pays et du secteur, touchait l’Office ; celui-ci vivant une véritable crise d’identité qu’une réforme tant préconisée et tant promise n’est pas venue soulager.

Le choix de Khaled Trabelsi, un cadre ONTT “pure souche”, passé par de nombreux départements dont la Direction centrale du Produit et de l’Investissement jusqu’en juin 2013, est celui d’un changement en douceur ; une promotion interne à même de rassurer et de remobiliser.

Sa tâche urgente sera sans doute de nommer des cadres aux nombreux postes vacants, dont deux directions au sein de la Direction centrale de la Promotion et du Marketing.