La Nuit des Idées à Tunis

Il y avait foule hier soir, devant et dans l’Institut Français, pour la 1ère édition de la Nuit des Idées à Tunis ; une manifestation intitulée “Alors on pense !” qui vient enrichir l’agenda culturel de la capitale.

Des centaines de Tunisois se bousculaient dans les trois espaces accueillant les nombreux (une soixantaine) artistes, intellectuels, hommes politiques ou économistes invités à s’exprimer et à débattre autour de la Tunisie.

Lancée à Paris en 2016 dans l’esprit de la Nuit de la Musique, cette manifestation a opté cette année pour le thème “Un monde en commun” autour duquel ont débattu des intervenants dans plusieurs villes du monde (Dakar, Los Angeles, Bruxelles…).

Une belle idée qui gagnerait à s’étendre en dehors des locaux de l’Institut Français pour ses prochaines éditions, afin de devenir un grand rendez-vous culturel dans l’espace public à l’instar de la biennale Dream City.

La médiathèque. En haut, la grande cour.
Des débats sur l’art urbain, la transition démocratique, le discours religieux…

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Hommage en dessin et en direct au patrimoine architectural de Tunis

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Laico Tunis : vers une ouverture en juin

Un différend opposant la société propriétaire de l’hôtel Laico Tunis à l’un de ses membres dissident a donné lieu, ces derniers jours, à une guerre de communiqués contradictoires. Un imbroglio juridico-politique qui devrait prendre fin avec la nomination de Mehdi Chakouna à la tête de la société propriétaire, et de Jassim Eledrissi (photo) à la direction générale de la société Laico Management (Tunis), comme le montre l’extrait du registre du commerce daté de ce jour.

Ibrahim Eldanfour, qui cumulait jusque-là ces deux fonctions, en a été démis au début de ce mois. Au sein du ministère tunisien du Tourisme, on se refuse à commenter cette affaire, tout en confirmant l’information officielle concernant le départ d’Ibrahim Eldanfour émise par le ministère des Affaires Etrangères depuis le 4 janvier.

Nous avons pu rencontrer ce matin Mehdi Chakouna, Directeur Général de la Libyan African Investment Company (Laico), et Jassim Eledrissi, nouveau Directeur Général de Laico Management. Ceux-ci confirment, comme l’a rapporté notre confrère Akher Khabar, l’ouverture de l’hôtel Laico Tunis au début du mois de juin.

A ce propos, une conférence de presse devrait se tenir demain mardi 24 janvier. Un partenariat devrait y être annoncé avec une chaîne européenne d’envergure internationale pour la gestion de l’hôtel Laico Tunis.

Rappelons que la Libyan African Investment Company (Laico), dont dépend la société de gestion Laico Management, fait partie de LAP (Libya Africa Investment Portofolio, présidé par Ahmed Kochad) qui est présent en Tunisie dans les secteurs du pétrole (Oil Libya), de l’agriculture et de l’hôtellerie (Laico). Et ce sont toutes ces sociétés (LAP, Laico et Laico Management) qui appellent à la conférence de presse de demain.

LM

RC-Laico




FTH : élection d’un nouveau bureau exécutif

Les membres du Conseil national de la FTH récemment élu ont procédé aujourd’hui à l’élection d’un nouveau bureau exécutif dont la composition est la suivante :

Président : Khaled Fakhfakh

Secrétaire Générale : Rym Belajouza

Trésorière : Dora Milad

Vice-Trésorière : Amina Sta

Vice-Secrétaire Générale : Mouna Ben Halima

Vice-Président, Président de la FRH de Monastir, et Président de la commission Administrative, Sociale et Juridique : Slim Dimassi

Vice-Président, Président de la FRH de Djerba-Zarzis et Président de la commission Financement : Jalel Henchiri

Vice-Président, Président de la FRH de Hammamet-Cap Bon et Président de la commission Marketing et Promotion : Mehdi Allani

Présidente de la commission Formation et Communication : Mouna Ben Halima

Présidente de la commission Environnement et Développement Durable : Narjess Bouasker

Président de la commission Sécurité : Ahmed Belli

Vice-Président, Président de la FRH de Tunis : Ahmed Kamoun

Vice-Président, Président de la FRH de Sousse : Hichem Driss

Vice-Président, Président de la FRH de Sfax : Mohamed Abid

Vice-Président, Président de la FRH de Mahdia : Ridha Taktak

Vice-Président, Président de la FRH de Tozeur : Moncef Makhlouf

Vice-Président, Président de la FRH de Tabarka : Nabil Ben Abdallah

Selon le communiqué de la FTH, les priorités du nouveau Conseil National seront :

  • œuvrer à positionner le secteur parmi les secteurs stratégiques prioritaires du pays ;
  • valoriser la destination aussi bien sur le marché intérieur qu’à l’international ;
  • fédérer et renforcer la représentativité des hôteliers au sein de la FTH ;
  • mettre à niveau le produit hôtelier en trouvant les mécanismes adéquats pour solutionner la difficulté de financement des unités hôtelières ;
  • moderniser la gouvernance de la FTH et appuyer sa décentralisation en réformant les statuts ;
  • consolider les relations avec les principaux acteurs du secteur touristique (institutions et administrations) en étant une force de proposition ;
  • s’engager pour l’amélioration de la qualité des prestations hôtelières afin d’assurer leur conformité avec les standards internationaux.

Dont acte.

Photo : Khaled Fakhfakh et Radhouane Ben Salah, nouveau et ancien présidents de la FTH




Dougga : nos ancêtres les Numides

A l’occasion du 20ème anniversaire de son inscription au Patrimoine mondial, le spécialiste de Dougga Mustapha Khanoussi revient pour nous sur l’importance de ce site qui en dit beaucoup sur l’histoire de notre pays.

A la lumière des découvertes récentes, on apprend comment de vieux citadins autochtones ont adopté le mode de vie romain au point de construire eux-mêmes, au cœur de leur ville, la plupart des monuments de style romain qu’on admire aujourd’hui. Entretien.

 

Qu’est-ce qui a changé depuis vingt ans dans la connaissance que l’on a de Dougga et de son histoire ?

Mustapha Khanoussi Les avancées sur le plan scientifique sont exceptionnelles. La plus importante est qu’on a mis fin à une hypothèse acceptée par toute la communauté scientifique depuis plus d’un siècle, et qui considérait qu’il y avait à l’époque romaine deux ensembles distincts : une ville indigène ancienne en haut du site, et une ville romaine créée ex-nihilo en contrebas. Depuis, la preuve a été apportée qu’en réalité, les deux communautés – anciens habitants numides et nouveaux habitants romains – ont cohabité dans le même espace urbain. Moi-même, en analysant les données disponibles, j’étais déjà arrivé à la conviction que Dougga n’avait jamais été une “ville double”. Ce que les recherches archéologiques n’ont fait que confirmer par la suite. L’avancée la plus spectaculaire a été la redécouverte d’un monument dont les vestiges sont voisins du Capitole, et qu’on avait interprété au début du XXe siècle comme un bassin datant de la première époque romaine. Il s’est révélé être le maqdes – le sanctuaire, en langue sémitique – de Massinissa. Ce que l’ancienne hypothèse empêchait de voir.
De même, on croyait que le mausolée numide [situé plus bas que la supposée“ville romaine”] se trouvait en pleine campagne. Or on a retrouvé des parties de murs préromains à proximité, dans la maison du Trifolium. Le mausolée faisait en réalité partie d’une nécropole située dans la ville numide.

Autre découverte : ce qu’on prenait pour les vestiges de remparts numides avec des tours s’est révélé être un mur de l’Antiquité tardive, tandis que ces “tours” étaient des monuments funéraires numides. Thugga n’a jamais eu de fortifications à l’époque numide.
Les fouilles récentes ont aussi révélé une architecture funéraire numide très variée (mausolées, dolmens, bazinas, sépultures à base quadrangulaire) et une sépulture préhistorique datant du début du IIe millénaire avant J.-C. Le site était donc déjà occupé à l’extrême fin de la Préhistoire.

Peut-on dire que Dougga est le plus important site du Maghreb pour la compréhension de la société romano-africaine ?

Pour moi, oui. C’est en tout cas l’un des plus importants et des mieux documentés. Un texte de Diodore de Sicile mentionne Dougga au temps de l’expédition d’Agathocle en Afrique (fin du IVe siècle avant J.-C.) comme une « “polis” (ville) d’une belle grandeur ». Quand on connaît le peu de considération des Grecs pour les peuples “barbares”, cela dit bien que la Dougga numide était une véritable ville, pas un village ni une bourgade. Quel autre site d’époque punique bénéficie d’un tel témoignage ?
Dougga est aussi le seul site où on a constaté l’utilisation de la langue libyque dans les textes officiels. Je pense pour ma part qu’elle a été le berceau de l’invention de l’alphabet libyque. L’inscription bilingue, en libyque et en punique, du mausolée de Dougga, aujourd’hui exposée au British Museum à Londres, est pour le déchiffrement de l’alphabet libyque l’équivalent de la pierre de Rosette qui a permis de déchiffrer les hiéroglyphes égyptiens.

Pour moi, avec l’installation des colons romains sous le règne de l’empereur Tibère (14-37 après J.-C.), Dougga a cessé d’être une ville numide à 100%, mais elle n’est jamais devenue une ville romaine à 100% car l’héritage numido-punique est resté très fort : tissu urbain, habitat, murs… Avec le temps, une parure monumentale à la romaine a été mise en place avec la contribution de riches donateurs des deux communautés. Une riche collection d’inscriptions latines nous permet de suivre pas à pas ce phénomène de brassage et de promotion sociale des autochtones. On a le cas de la famille autochtone des Gabinii qui a marqué la topographie du site entre le milieu du Ier siècle après J.-C. et le milieu du IIIe. Une autre famille autochtone, les Marcii, a financé le Capitole et le Théâtre.
Cette histoire a dû exister ailleurs, mais c’est à Dougga qu’elle est la plus visible et la mieux lisible. On la touche presque.

 

Mustapha Khanoussi est Directeur de Recherche en Histoire ancienne et archéologie antique, ancien conservateur du site de Dougga et expert en patrimoine mondial.

 dougga-1Dougga : le mausolée numide.

En haut : le théâtre.




FTH : mieux vaut tard que jamais

La FTH opère sa mue. L’Assemblée générale qui vient de se tenir le 6 janvier 2016 a débouché sur l’élection des 10 membres qui complètent le Conseil National ; celui-ci comprend déjà 27 membres élus des régions et 3 membres représentant les chaînes hôtelières.

Les nouveaux membres élus sont :
Khaled Fakhfakh, Skander Kateb, Hsen Knani, Mouna Allani, Welid Ben Amor, Malek Boujbel, Mossab Batikh, Mounir Sahli, Slah Ben Ahmed, Med Ali Miled.

Cette élection confirme l’arrivée aux commandes de la FTH des quadra et quinquagénaires. Ceux-ci éliront probablement à la présidence un des leurs, à savoir Khaled Fakhfakh (54 ans, hôtel Manar à Hammamet). Un passage de témoin en douceur qui a été rendu possible grâce à la mobilisation de la « nouvelle génération d’hôteliers », mais aussi grâce à l’appui du bureau sortant, et à leur tête celui de Radhouane Ben Salah qui a su convaincre les réticences des uns et, il faut le dire, manœuvrer pour neutraliser les quelques rares récalcitrants au changement.

Ainsi, on peut espérer dans les prochaines semaines des avancées sur un certain nombre de dossiers, dont la restructuration de la fédération elle-même et la relance de l’Union des Métiers du Tourisme. Cette dernière a été créée légalement sans jamais voir le jour dans les faits à cause « des réticences de certains membres de l’ancien bureau », comme a tenu à souligner Wajdi Skhiri, secrétaire général sortant, lors de la présentation du rapport moral.

Photo : un passage de témoin dans une ambiance bon enfant.
Radhouane Ben Salah, Président sortant, entouré de quelques membres de la nouvelle génération d’hôteliers : (de g. à dr.) Mouna Allani, Khaled Fakhfakh, Rym Ben Fadhel, Zied Boussarsar.