Syphax : arrêt des vols

La compagnie Syphax Airlines annonce la « suspension provisoire » de ses vols à partir d’aujourd’hui. Une fin qui ne dit pas son nom pour une compagnie en mal de capitaux et qui n’a pu intéresser à ce propos aucun partenaire qu’elle recherchait depuis des mois. Le gâchis inouï d’une entreprise prometteuse, victime de la mégalomanie et de l’inconsistance de son promoteur.




Triplement des vols entre la Tunisie et l’Algérie

21 vols au lieu de 7 précédemment : une belle avancée pour les vols réguliers entre les deux pays. Même si le charter ne bénéficie pas du même élan.

 

L’accord signé hier mardi 28 juillet entre le Directeur de l’Aviation civile Habib Mekki et son homologue algérien Youssou Sammain permet, pour chacun des deux pavillons nationaux, de passer de 7 vols hebdomadaires (selon l’ancien accord datant de 1963) à 21 vols. En effet, le pavillon tunisien pourra ainsi programmer 14 vols sur Alger et 7 vols sur la province algérienne dont les villes de Constantine, Oran et Béjaïa. Côté algérien, l’accord prévoit la desserte de Djerba, Sfax et Tozeur-Nefta.

La nouveauté de cet accord réside aussi dans le fait qu’il habilite l’ensemble des compagnies du pavillon national de chacun des deux pays à opérer ces vols. Ainsi, Khaled Chelly, DG de Tunisair Express, déclare étudier le lancement de deux vols hebdomadaires sur Constantine et Béjaïa, alors que Karim Dahmani, Directeur commercial de Nouvelair, se déclare intéressé « en premier lieu par Alger, sans exclure les régions ».

Enfin, les vols charter passent de 30 rotations par saison (mai à octobre) à 40 avec une amélioration pour les délais de traitement des demandes qui passe de 30 jours à 15 jours. Cependant, ces 40 rotations équivalent à un peu plus de 5000 sièges, ce qui ne représenterait que 0,4% du flux touristique algérien sur la Tunisie (1,3 millions l’année dernière).




Nominations

Habib Ammar à la Société d’Etudes de Sousse-Nord et Asma Medhyoub à l’Office National de l’Artisanat.

 

Le ministère du Tourisme vient d’annoncer la nomination de Habib Ammar (photo) au poste de PDG de la Société d’Etudes de Sousse-Nord (Port El Kantaoui). L’ancien Directeur Général de l’ONTT reprend ainsi du service à un poste où il pourra déployer sa longue expérience du secteur du tourisme.

Le Ministère annonce par ailleurs la nomination d’Asma Medhyoub au poste de Directrice Générale de l’Office National de l’Artisanat, resté vacant depuis quelques mois. Mme Medhyoub sera secondée par Faouzi Ben Halima au poste de DGA. Enfin, Mohamed Hedi Reguig est nommé PDG de la Compagnie Touristique Arabe (Marina Monastir).




Opinion : la stratégie tunisienne du transport aérien est à revoir d’urgence !

Hakim Tounsi, patron du tour-opérateur Authentique International, réagit à l’annonce d’une chute de 25% du trafic de Tunisair au premier semestre.

 

A partir de 2006, Tunisair a entamé la mise en place d’une stratégie élaborée par un bureau d’étude international, Lufthansa Consulting ; une stratégie visant, entre autres, la conversion des heures de vols charter en heures de vols réguliers. Cette stratégie a conduit à une réduction continue de la part du charter dans l’activité et le chiffre d’affaires de Tunisair au profit de la part du trafic régulier.

Suite à la révolution de 2011 et devant une incertitude sur la tournure des évènements, la majorité des tour-opérateurs ont annulé le plus gros de leurs engagements charter et ont protégé leurs réservations de séjours touristiques sur les vols réguliers de Tunisair en réservant des blocs sièges (BS) sur toute l’année.

En constatant une augmentation du trafic régulier suite à la récupération du volume charter par les vols réguliers, les instigateurs de la stratégie commerciale de Tunisair consistant à convertir les heures de vol charter en vols réguliers avaient crié victoire, malgré nos mises en garde. Car il était prévisible que le trafic provenant des tour-opérateurs devait tôt ou tard disparaître de chez Tunisair : soit pour aller vers d’autres destinations que la Tunisie dans l’hypothèse du prolongement de la crise du tourisme tunisien, soit pour retourner vers le charter dans le cas d’un redémarrage du tourisme vers la Tunisie, mais avec d’autres compagnies que Tunisair, qui se désengageait volontairement du marché du charter en appliquant des tarifs plus élevés que ceux des compagnies européennes.

Aujourd’hui, nous sommes dans le premier cas de figure, avec une crise persistante du tourisme tunisien ayant conduit les tour-opérateurs à annuler en masse leurs réservations en blocs sièges sur les lignes régulières de Tunisair pour acheminer leur clientèle vers d’autres destinations.

Tunisair se retrouve de fait confrontée aux limites du véritable marché régulier, hors clientèle touristique, qu’elle se partage désormais avec Transavia et Nouvelair – qui ont augmenté sensiblement leur offre sur la Tunisie à des prix low cost que je juge suicidaires – puis Air France et Syphax, deux autres compagnies opérant sur notre destination avec des prix comparables à ceux pratiqués par Tunisair.

Au total, rien qu’entre entre Paris et Tunis, il y a quotidiennement un trafic régulier composé de 4 vols Tunisair, 4 vols Air France, 3 vols Transavia, 1 vol Nouvelair et un vol Syphax, soit au total 13 vols. Avec une capacité moyenne par vol de 160 sièges, ceci donne près de 2 100 sièges par jour, ce qui est énorme en termes de capacité aérienne régulière par rapport à la demande !

Cette situation ne profitera à personne et occasionne déjà des pertes insoutenables à toutes les compagnies opérant sur la Tunisie.

A mon sens, une révision rapide de la stratégie du transport aérien en Tunisie s’impose pour redonner du souffle au compagnies opérant sur le trafic régulier, et aussi pour mettre en place une politique de transport touristique charter agressive et adaptée aux besoins de notre pays qui souffre d’un manque de remplissage flagrant de sa capacité hôtelière.

Hakim Tounsi




C’en est fini de “cacher la poussière sous le tapis”

Avec l’appel à ses ressortissants de quitter la Tunisie, le ministère britannique des Affaires étrangères nous signifie la gravité de nos défaillances sécuritaires, et achève une saison touristique déjà bien moribonde.

Pour notre gouvernement comme pour notre tourisme, c’est l’heure de vérité. C’en est fini des discours sans lendemain et des promesses qui ne feront qu’attendre. Aussi bien pour notre système sécuritaire que pour notre tourisme, cette décision britannique signifie que “le ver est dans le fruit” et qu’on échappera pas à “l’ablation” des membres “pourris” parmi nos flics, grands et petits. Comme on n’échappera pas, dans le tourisme, à laisser mourir de leur belle mort des soi-disant professionnels qui ne sont en fait que des sous-traitants de TO.

Il est temps de reconnaître qu’il existe de nombreux mauvais patriotes aussi bien chez les fonctionnaires de police que dans les partis politiques, qui ne doivent plus faire payer au pays et à son peuple la facture de leurs errements. Il est aussi temps de reconnaître que le corps du tourisme tunisien est malade de ses déchets qu’il n’a pas su évacuer. Nos tapis débordent de leur poussière et réclament un sérieux coup de balai.

LM




Humeur : FTH ou la quadrature du cercle

L’annonce est tombée hier dans l’après-midi sous forme d’un communiqué lapidaire (voir ci-dessous) où il nous est expliqué que cinq membres de la FTH s’octroient les prérogatives de l’instance légale qu’est le Conseil National en formant une nouvelle instance non prévue par les statuts de la fédération pour, nous dit-on, un « plus large consensus ».

En résumé, “pour élargir le débat”, la FTH remplace une instance légale de plus de 30 membres par une cellule ad hoc de 5 membres. En somme, la cellule de crise vient d’inventer une nouvelle version de la quadrature du cercle : “comment élargir en rétrécissant”.

Est-ce que nos lecteurs ont l’impression qu’on nous cache quelque chose, ou est-ce que je deviens paranoïaque ?

LM

Communiqué de presse de la FTH du 7 juillet :
« Etant donnée la situation exceptionnelle que traverse le secteur touristique et qui nécessite le plus large consensus entre tous les professionnels du secteur, le Conseil National de la Fédération Tunisienne de l’Hôtellerie, réuni le mardi 7 juillet 2015 à son siège social, a décidé de déléguer l’ensemble de ses pouvoirs à un comité de crise composé de Messieurs : Radhouane Ben Salah, Président de la FTH (Coordinateur), Wajdi Skhiri, Secrétaire Général de la FTH, Moez Boudali et Jalel Henchiri, Vice-présidents de la FTH et Slim Dimassi, Président de la Commission Juridique de la FTH (Membres). Cette nouvelle instance représentera la Profession auprès de toutes les instances publiques et privées et auprès des médias. Ce comité sera à partir de ce jour habilité à prendre toutes les décisions nécessaires et en particulier la gestion de crise, la restructuration de la FTH et la création de l’UTMT ce avant fin septembre 2015. »




Tourisme local : le rôle des agences de voyages

Alors que les hôteliers bradent leurs prix, il est à regretter que le seul geste de solidarité est venu de la part d’une agence de voyages étrangère, Expedia, qui divise sa commission par trois.

 

“Faire profiter les Tunisiens des tarifs accordés aux étrangers”, tel semble être pour de nombreux commentateurs la baguette magique pour sauver la saison. Seulement voilà, les offres qui foisonnent un peu partout montrent des prix hôteliers réduits de 50% et plus. A 50DT la demi-pension pour un 3 ou 4 étoiles, ou même à 100 DT le 4 étoiles en all inclusive, ce sont là les prix d’achat des tour-opérateurs.

S’agissant de haute saison, on peut même parler de “prix bradés” de la part d’hôteliers dont le modèle économique est « de travailler à perte pendant huit mois de l’année en comptant sur les bénéfices des mois d’été », comme le précise un dirigeant d’une chaîne espagnole. En effet, aucun touriste étranger ne bénéficiait de la demi-pension à 25 euros, comme elle est proposée aux Tunisiens.

Cependant ces offres n’ont pas beaucoup d’écho auprès du marché. Ce manque de réaction est certainement dû en partie à l’attentisme des Tunisiens qui, comme à l’accoutumée, attendront la dernière minute pour réserver. Mais il est aussi dû au marketing “faiblard” de nos agences de voyages.

Pire, alors qu’Expedia, l’une des plus grandes OTA au monde (agence de voyages en ligne) a décidé, en soutien au tourisme tunisien, de baisser la commission qu’elle ponctionnait des hôteliers de 25% environ à 10%, certaines de nos agences de voyages s’arcboutent à leurs commissions habituelles.

On nous a tellement répété que le tourisme, ce n’est pas seulement les hôtels qu’on voudrait bien voir nos agences de voyages prendre leur part des “sacrifices” et non seulement des bénéfices.




UTMT : mieux vaut tard que jamais

La création de l’Union Tunisienne des Métiers du Tourisme, au début de cette année, vient d’avoir un début de concrétisation avec la réunion hier matin des membres des bureaux des trois fédérations : FTH pour les hôteliers, FTAV pour les agences de voyages et FTRT pour les restaurants touristiques.

L’idée d’un regroupement des fédérations du tourisme était en gestation depuis une vingtaine d’années. Cette réunion est le prélude à l’annonce de l’assemblée constitutive de l’UTMT après approbation de ses statuts par la FTH, prévue pour le 11 juillet. Le bureau du nouveau groupement syndical comprendra 19 membres répartis entre les 3 fédérations (10 membres de la FTH, 7 de la FTAV et 2 de la FTRT).

Ainsi réunis, les professionnels du tourisme devraient pouvoir parler d’une même voix pour présenter des solutions alternatives aux problèmes du secteur, notamment lors des Assises du tourisme prévues au mois de septembre prochain. La relance du chantier de la Maison du Tourisme (arrêté depuis 2011) devrait figurer en bonne place dans l’agenda de l’UTMT.

Photo : Radhouane Ben Salah (FTH) et Mohamed Ali Toumi (FTAV)




Marché belge : les touristes moins frileux que les autorités

Contrairement aux autorités françaises, allemandes ou britanniques, les autorités belges ont opté pour la prudence extrême en allant jusqu’à déconseiller « tous les voyages vers la Tunisie » et l’annulation de tous les vols.

Il s’ensuit des annulations massives pour les deux mois de juillet et août (plus de 50 000 sièges) qui pénalisent non seulement la Tunisie, mais ceux parmi les citoyens belges qui désirent passer leurs vacances chez nous malgré le drame de Sousse. Mieux, ces touristes (comme le montrent les deux témoignages ci-dessous) sont prêts à dépenser plus qu’ils n’avaient prévu, en temps et en argent, pour maintenir leurs vacances en Tunisie, et se retrouvent très mal récompensés pour leur attachement à la destination.

La logique voudrait que les autorités belges conseillent la prudence à leurs administrés tout en respectant leur liberté de choix. Notre gouvernement, faute de mettre en place des vols remplaçant les vols annulés, devrait convaincre son homologue belge d’adopter l’attitude moins frileuses des Britanniques, qui sont pourtant endeuillés par 29 décès.

 

Témoignage 1          

« Tout d’abord, je tiens à vous faire part de ma tristesse et surtout vous envoyer un énorme soutien de Belgique. Je suis une habituée de votre hôtel, j’y viens pour la huitième fois cette année… enfin je devais, puisque mon tour-opérateur, Sunjets, a annulé tous les vols et séjours depuis le départ de la Belgique.
Je n’ai pas envie d’abandonner la Tunisie qui a besoin des touristes. Pourriez-vous me faire une offre de prix pour une arrivée le 14 juillet, 14 nuits, deux adultes, deux enfants (12 et 16 ans), chambre dans l’aile du Spa si possible.
Mes enfants se réjouissent de venir chez vous, ils y retrouvent chaque année leurs amis français. … Je vais tenter de trouver un avion par mes propres moyens. … »

 

Témoignage 2

« Nous avions réservé 2 chambres (1 chambre avec 2 adultes, 1 enfant de 2 ans et 1 chambre avec 2 adultes et un bébé) dans votre hôtel du 21 juillet au 31 juillet.
Suite aux derniers évènements, les tour-opérateurs belges annulent toutes les réservations de juillet et août vers la Tunisie.
Nous envisageons quand même de trouver une alternative en nous rendant dans un aéroport étranger (ce qui engendre un surcoût). Disposez-vous de conditions intéressantes ? Actuellement nous aurions une possibilité de vol aller le 16 juillet et retour le 26 juillet. »




Ghannouchi aux hôteliers : je vous l’avais dit !

Il l’avait bien dit, il y a quelque temps : « La police n’est pas garantie » (mouch madhmouna). On ne l’avait pas cru à ce moment-là, mais maintenant qu’on a vu notre police à l’œuvre on est bien obligé de le croire. Une police qui laisse un tireur fou tuer des touristes comme des lapins est assurément « mouch madhmouna ».

En rendant visite aujourd’hui à la FTH, Rached Ghannouchi a rappelé sa prédiction aux professionnels du tourisme. Il a aussi dit aux hôteliers tout le bien qu’il pense du tourisme, en application du principe cher à nous autres, bons musulmans, de n’évoquer nos morts qu’en bien (oudhkourou maoutakom bil khair). Des paroles auxquels les hôteliers ont réagi en faisant remarquer au Cheikh que « le tourisme n’est pas mort mais simplement agonisant ». Ce à quoi Ghannouchi a répondu par un trait d’humour dont seul un humaniste comme lui est capable : « Considérez alors mes propos comme les derniers sacrements pour un mourant qui n’est pas aussi musulman que ça ».

Et qu’on se rassure, le communiqué émanant de la FTH à l’issue de cette rencontre n’évoque aucune tentative de suicide chez les hôteliers.

Ce compte-rendu est bien entendu imaginaire.

LM