Nouveau directeur du Marketing à l’ONTT

C’est Faouzi Basli qui devrait remplacer Férid Fetni à la tête de la direction du Marketing de l’ONTT. Férid Fetni quitte l’ONTT et devrait rejoindre la représentation parisienne de Syphax Airlines.




Pourquoi Ennahdha a-t-il choisi l’hôtel César?

Le dernier Majless Choura où Ennahda a décidé l’éviction de Jebali au profit de Laârayedh s’est tenu à l’hôtel César, sur la route de La Marsa. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le choix du lieu où s’est joué l’avenir du gouvernement était inapproprié. En effet, l’hôtel est sous le coup d’une décision de démolition de son extension à l’étage qui comprend justement la salle de réunion, émanant de la municipalité de La Marsa et datant de juin 2011, ainsi que d’une décision de fermeture signée par le ministre du Tourisme d’alors, Mehdi Houas.

A ce jour, ces décisions ne sont pas appliquées car, nous dit le directeur de l’hôtel, M. Debbich, l’hôtel en a fait suspendre l’application en déposant à son tour une plainte contre le Commissaire régional au Tourisme. Lequel Commissaire est, semble-t-il, accusé par l’hôtel de corruption.

A l’ONTT, on se montre peu bavard à ce sujet, même si on s’étonne qu’un hôtel puisse à ce point faire fi des décisions de l’administration au vu et au su de tous. Au-delà de l’imbroglio juridique de cette affaire, à notre tour de nous étonner du choix de cet hôtel par le parti au pouvoir, chantre affiché de « la légalité », prenant ainsi le risque de cautionner la rébellion contre l’administration.

A moins que ce choix d’Ennahda ne soit purement symbolique, pour dire que, cette fois, César-Ghannouchi aura triomphé de Brutus-Jebali…

LM




On tente de tenir en Tunisie et on se développe au Maghreb et en Afrique de l’Ouest

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Où en êtes-vous de vos projets en Tunisie ? Comment subissez-vous la crise actuelle ?

Christian Antoine
Au niveau opération à part nos deux hôtels de Djerba, nous maintenons l’ouverture du Radisson Hammamet prévue pour la saison, nous attendons notre projet de Radisson Tunis à Lafayette. Actuellement, les deux unités de Djerba sont soutenues grâce au groupe UTIC propriétaire des deux hôtels qui soutient le cash flow car surtout durant l’hiver et depuis la révolution l’occupation est très faible. Cela fait deux ans que ça dure ; et il va falloir prendre une décision à propos de la politique du tourisme pour Djerba car nous résisterons difficilement à une troisième mauvaise année. En tant que chaîne internationale, nous avons un plan de développement ambitieux au Maghreb et en Afrique. Nous avions choisi de lancer ce plan à partir de la Tunisie, une destination qui avait beaucoup d’atouts dont la principale était la stabilité. Mais maintenant, on ne sait pas si on peut qualifier la Tunisie de « pays stable »… Malgré notre attachement à la Tunisie, nos projets se poursuivent aujourd’hui au Maghreb et en Afrique. La stratégie touristique actuelle en Tunisie est peu claire et l’on a l’impression qu’on veut freiner ce secteur. La dernière mauvaise nouvelle est celle des taxes sur l’alcool.

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Sur Djerba, comment gérez-vous cette crise ?

Christian Antoine
Comme je viens de le dire, sur Djerba, en ce début d’année 2013 nous travaillons en sous production. Même si notre partenaire UTIC est un groupe solide, aucune entreprise ne doit travailler en sous production indéfiniment. Pourtant Djerba est facile à commercialiser, à condition d’ouvrir le ciel. Seulement on constate que sur ce plan rien ne change, le monopole de Tunisair est toujours en vigueur. Car il faut bien comprendre la spécificité de Djerba qui, contrairement à Tunis, dépend du charter et donc des TO. Or beaucoup d’entre eux ont, par peur des effets de la révolution, transféré leurs vols sur d’autres destinations en Méditerranée notamment la Turquie. On aurait pu limiter les dégâts et se battre pour améliorer notre occupation s’il y avait cette ouverture du ciel, d’autant plus que Djerba est vraiment un paradis calme, serein  et propice au tourisme.
En ce qui nous concerne, nous étions en discussion avec différents « low cost » en 2010 pour des vols réguliers deux fois par semaine depuis les principales capitales européennes notamment la Suisse. Pour information, 40% des vols sur le Maroc sont des « low cost ». Nous pouvons surmonter ces difficultés si nous ouvrons le ciel sur Djerba tout d’abord car nous avons la capacité hôtelière avec plus  d’une centaine d’hôtels.




TUI : Frenzel s'en va

Michael Frenzel passe la main à Friedrich Joussen à la tête de TUI AG qui détient 56% de TUI Travel. A 49 ans, le nouveau patron du géant allemand découvre le tourisme puisqu’il était jusque-là à la tête de Vodafone Allemagne.




Harouni dégage !

« Vous voudriez que les Français viennent dans un pays où un ministre les insulte dans une manifestation ? » Tel était le propos désabusé d’un responsable d’un des principaux TO en France, suite à la manifestation du samedi 9 février durant laquelle on a pu voir Abdelkrim Harouni, ministre du Transport, tel un nouveau Kaddafi, hissé sur une estrade et un micro à la main, haranguer une foule qui criait « France dégage ! ». De fait, les réservations en France sont à l’arrêt depuis plusieurs jours. Mais notre cher ministre et faucon d’Ennahda ne se gênera pas pour continuer à accuser ses opposants de nuire à l’économie du pays.

LM




8 février : les Tunisiens sont de retour

On aura vu des militaires protéger le cercueil d’un militant marxiste.
On aura vu des gauchistes crier Allah Akbar.
On aura vu des femmes tête nue accompagner un mort jusqu’à sa dernière demeure.
On aura vu un imam réciter le Coran sur le plateau de Nessma tv.
On aura vu des gens dire la Fatiha sur la tombe d’un communiste.
On aura vu une veuve héroïque reprendre le combat avec douceur et lucidité.
On aura vu des hommes pleurer et des femmes dénoncer.
On aura vu un million et demi de Tunisiens de tous âges et de toutes conditions se rassembler puis se disperser dans le calme et la dignité, malgré les casseurs et les provocateurs.

Ce qu’on a vu le 8 février, c’est tout un peuple se réveiller d’un long cauchemar et montrer le visage qu’on lui a toujours connu,
Hommes, femmes,
Divers et solidaires,
Croyants et tolérants,
Passionnés et mesurés,
Et par-dessus tout, profondément ennemis de la violence.

 Guillemette Mansour




Communication de crise

L’ONTT et les fédérations professionnelles se sont entendues sur le principe du lancement d’une campagne de communication de crise sur le marché français. L’appel d’offres pour la sélection de l’agence sera lancé cette semaine.




Groupe Poulina : vers la création d’un pôle tourisme et loisirs

Le Groupe Poulina reprendra à partir du 1er novembre prochain la gestion de ses deux hôtels de Hammamet Sud, le Solaria (5 étoiles) et le Bélisaire (4 étoiles), jusque-là gérés par la chaîne Iberostar. Dans cette perspective, le groupe projette de rassembler ces deux établissements ainsi que l’hôtel-résidence Diar Lemdina (4 étoiles) sous le même label “Medina Hotels”. Cette nouvelle chaîne devrait fonctionner en synergie avec les autres établissements de tourisme et de loisirs du groupe : les restaurants Sherazade (Hammamet) et Hamouda Pacha (médina de Tunis), le centre d’expositions et de congrès Medina Expo Center, ainsi que les parcs de loisirs Carthage Land à Hammamet et un futur Carthage Land à Tunis, dont l’ouverture est prévue au mois de juin prochain.




FTH : assemblée reportée

L’assemblée élective de la Fédération tunisienne de l’hôtellerie, prévue pour le 28 février, a été reportée pour la fin du mois de mars.




Cachez-moi ces djihadistes que je ne saurais voir

Deux reportages de deux télés européennes que nous vous résumons avant de les commenter :

Premier reportage

Lundi 14 janvier 2013. Il est midi, Tunis fête le 2e anniversaire de sa Révolution. Le soleil joue à cache-cache comme le faisaient deux ans auparavant les manifestants contre les flics de Ben Ali. Un soleil qui triomphera à la mi-journée, comme triomphent aujourd’hui les masses de manifestants de l’opposition à Ennahda, venus en grand nombre sur l’avenue Bourguiba et celle de Mohamed V. Les deux avenues sont baignées de rouge, couleur non pas du vin – que les Tunisiens consomment de plus en plus – mais du drapeau tunisien que ces manifestants brandissent, face à un petit nombre de drapeaux noirs tenus par des extrémistes et membres de prétendues Ligues de protection de la révolution.

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Sur la place des Droits de l’Homme, où se sont rassemblés les manifestants de Nidaa Tounes, le nouveau parti présidé par l’ancien Premier ministre Beji Caïd Essebsi, lequel rivalise désormais dans les sondages avec Ennahda, l’humeur est à la rigolade sur le son du Tbal (tambour) et de la Zoukra (clarinette). Soudain, un manifestant venu de Sousse se saisit d’un mégaphone et prend la parole en balbutiant :
« Bismallah… » (« au nom de Dieu… »), avant de se reprendre : « Non !, Non ! on ne veut plus de salamalecs, on ne veut plus d’encens ni de gandoura. On veut des touristes !, on veut des touristes! »
Le vent a apparemment tourné contre le parti islamiste au pouvoir dont les membres étaient drapés, il y a encore quelques mois, dans leur habit de « résistants à Ben Ali ». Un statut qui leur a permis de promettre tout et n’importe quoi et de profiter de la crédulité des Tunisiens pour rafler la majorité aux dernières élections d’octobre 2011.
Seulement voilà, après une année d’exercice du pouvoir, le bilan d’Ennahda est bien médiocre : inflation galopante, croissance en berne et scandales à répétition, que révèle une presse désormais à l’avant-garde du combat pour les libertés. La désillusion des Tunisiens est totale, et le discrédit de la troïka au pouvoir est bien réel.
Ce discrédit, nous allions le constater une fois encore quelques jours plus tard au fameux village de Sidi Bou Saïd. Rached Ghannouchi, le président d’Ennahda et véritable dirigeant du pays, est en visite au village après l’incendie survenu au mausolée du saint Abou Saïd El Béji. Les habitants le reçoivent avec le fameux
« Dégage ! » : d’après la mine qu’il fait, on devine que le coup est dur pour celui qui se rêvait en “guide suprême” d’une Tunisie qu’il semble ne pas connaître.
C’est dans ce même village de Sidi Bou Saïd que, chaque dimanche de cet hiver ensoleillé, les couples se retrouvent pour partager des moments d’intimité sans que personne ne s’en émeuve. La surenchère religieuse ne fait plus recette. Aujourd’hui, les Tunisiens se pressent dans les magasins et dans les hôtels pour fêter la Saint-Valentin, comme ils ont fêté il y a peu le Jour de l’An. Et se moquent bien des élucubrations de certains prédicateurs déconnectés de la réalité, comme celui qui a voulu récemment proscrire l’Assida, le dessert traditionnel que l’on déguste chaque année pour célébrer l’anniversaire du Prophète.
Décidément, ces Tunisiens ne cesseront pas de nous étonner. Comme le prédisait il y a un an le sociologue Hamadi Redissi : « Si Ennahda veut rester au pouvoir, elle doit se tunisifier, car elle ne pourra pas nahdaïfier les Tunisiens. »

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Deuxième reportage

14 janvier à Tunis, jour du deuxième anniversaire de la Révolution tunisienne. Il est neuf heures du matin, le ciel est gris et le terre-plein central de l’avenue Bourguiba est parsemé de noir, couleur des drapeaux d’un groupe hétéroclite dont certains barbus qui vont et viennent, à la recherche, peut-être, d’un adversaire qui tarde encore à venir. Ils scandent inlassablement : « Fidèles ! Fidèles [à la Révolution, ndlr] ! Ni RCD, ni Nidaa ! ». Notre accompagnateur tunisien nous explique qu’il s’agit des Ligues de protection de la révolution qu’Ennahda utilise pour terroriser les opposants et casser leurs manifestations ; des groupes violents qui ne se contentent pas de vociférer et passent souvent à l’acte. C’est ainsi qu’ils ont, il y a quelques semaines à Tataouine, lynché un opposant qui en est mort. Pour aujourd’hui, il se contenteront de violenter deux journalistes, tant la presse est dans la ligne de mire des partisans d’Ennahda, coupable à leurs yeux de noircir le tableau à des fins politiciennes.
Mais le visage qu’offre aujourd’hui le pays n’a pas besoin d’être noirci. La Tunisie vit au rythme des menaces de djihadisme, des débats interminables d’une Assemblée constituante devenue la risée de la population et des exactions des extrémistes religieux. En ce mois de janvier, on a recensé pas moins de trente-sept mausolées brulés au nom d’un islam wahhabite inconnu du commun des Tunisiens ; l’un des derniers en date est celui de Sidi Bou Saïd, un site classé.
En écho à la position plus qu’hésitante du gouvernement tunisien concernant les événement du Mali, un député demande à inscrire le Djihad dans la nouvelle Constitution en cours d’élaboration ; ce député est le chef d’un groupuscule issu d’une scission du CPR, le parti du président Marzouki longtemps qualifié de “parti laïque de gauche ». Un autre député, d’Ennahda cette fois, demande à y inscrire non pas le droit au travail mais « l’obligation de travail » ; une originalité tunisienne qui revient à interdire les grèves.
Autant dire que le pays n’est pas près de se doter d’une nouvelle Constitution qui lui permettra d’aller à de nouvelles élections. En attendant, le chômage augmente et le banditisme avec ; les problèmes s’accumulent, comme les ordures qui transforment les banlieues des villes en de véritables poubelles à ciel ouvert. Lentement mais sûrement, la Tunisie devient un pays en voie de sous-développement.

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Ces deux “reportages”, vous l’avez peut-être deviné, sont purement fictifs ; mais tellement vraisemblables, puisque tous les faits qui y sont rapportés sont réels. Les commentaires qui y sont formulés répondent aussi à la déontologie du journalisme puisque « seuls les faits sont sacrés, le commentaire est libre ».
Cet exercice est fait pour démontrer que nous n’avons pas grand chose à reprocher à la récente émission Envoyé Spécial de France 2, à part quelques approximations : ainsi l’affirmation selon laquelle les gens avaient l’habitude de prendre l’apéritif au café de Hammamet… alors que celui-ci est relié à une zaouïa et n’a jamais servi d’alcool. Que reste-t-il alors ? Le choix du sujet et la manière de le traiter ? Jusqu’à nouvel ordre, les journalistes conserveront la liberté du choix de l’angle de traitement des sujets qu’ils abordent (comme le montre notre exemple), du montage qu’ils feront de leurs tournages et du moment de leur diffusion.
Il nous reste peut-être à nous guérir de cette manie que nous avons (héritage de l’ère Ben Ali peut-être…) de crier au complot dès qu’un media nous montre une face de nous que nous détestons et que nous voudrions oublier. Nous crions d’autant plus fort qu’il s’agit de media français, que nous regardons encore comme le miroir du conte : « Miroir, mon beau miroir, dis-moi que je suis la plus belle ! ».
Certes, la Tunisie reste une destination des plus sûres, comme le montre si bien le témoignage posté récemment sur Facebook d’un couple de cyclistes européens qui vient de traverser le pays sans encombre, en dormant à la belle étoile et en se faisant inviter chez l’habitant. Certes, cette crise du tourisme est en train de réussir ce que nous avons échoué à faire depuis des lustres, en éliminant les mauvais hôtels et en forçant les autres à plus de rigueur. Mais est-ce le travail d’Envoyé Spécial de “couvrir cette actualité” ? Sans doute pas ; même si les chaînes de France Télévisions nous ont habitués à être très accommodantes envers notre tourisme, allant jusqu’à imposer à leurs téléspectateurs une causerie de notre chef de gouvernement sur le tourisme à l’heure du petit-déjeuner.

LM