Le tourisme tunisien se meurt

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A long terme nous sommes tous mortels, disait Keynes ; notre tourisme aussi. A la différence des précédents “incidents” salafistes, les conséquences de l’attaque de l’ambassade des Etats-Unis sur le tourisme tunisien ne seront pas que conjoncturelles. La déprogrammation, à plus ou moins longue échéance, de la destination est déjà une hypothèse qu’étudieraient la plupart des tour-opérateurs européens.

Comme dirait notre chef de gouvernement, « le capital est lâche », et si le risque est inhérent aux affaires, trop de risque tue les affaires.
Première conséquence de notre incapacité à contenir la violence salafiste, les TO ne prennent déjà que peu ou pas d’engagements aériens pour la saison prochaine, et nous devrons sans doute compter sur nos nerfs, la flexibilité de nos compagnies aériennes et l’attachement à la destination de certains TO et clients pour sauver 2013. Et comme on l’a bien vu lors du salon IFTM à Paris, les vaines tentatives du ministre du Tourisme pour calmer les esprits ne font qu’accentuer son désarroi personnel face à une situation qu’il n’a sans doute pas choisie ni imaginée. Notre ministre et notre gouvernement sont et resteront prisonniers de leur choix politique de ménager le chou et la chèvre. Les TO, les agences de voyages, les journalistes et l’opinion publique européens finissent, faute de comprendre les subtilités manœuvrières de nos partis et de leurs courants politiques, par se lasser d’un discours qu’ils comparent déjà à la langue de bois de l’ancien régime.
Tout n’est peut-être pas encore perdu, les prochaines semaines nous montreront si nous avons des partis et des hommes politiques dignes de ce nom. En attendant, nous ne pouvons que présenter nos excuses aux Américains et leur dire, à l’instar de Jésus sur sa croix, « pardonnez-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font ». A nos extrémistes nous ne pouvons que rappeler l’un des nombreux hadiths du prophète Mohamedappelant à la sagesse et au calme : « … Annoncez la bonne nouvelle et ne faites pas fuir les gens et si l’un d’entre vous se met en colère qu’il se taise ». Autrement dit : bouclez vos gueules.

pardonnez-leur