Faut-il un ministère pour le tourisme ?

Le secteur du tourisme n’a pas forcément besoin d’un ministère dédié. En témoignent deux professions de foi datant de 2013 de Mohamed Ali Toumi et Mohamed Belajouza.

Faut-il un ministère pour le tourisme ? Pour répondre à cette question, les pays et les avis sont partagés.
La France, première destination mondiale, a choisi un rattachement du secteur au ministère des Affaires étrangères. En Grèce (30 millions de touristes par an), le Tourisme a été intégré en 2014 à un ministère de l’Économie, de l’Infrastructure, de la Navigation et du Tourisme. On peut multiplier les exemples prouvant qu’un ministère du Tourisme à plein temps n’est pas la panacée.

En Tunisie, la création du ministère du Tourisme en 1969 semble avoir été faite sur mesure pour feu Mondher Ben Ammar, frère de Wassila Bourguiba. “Mal né”, le ministère n’a jamais fait l’unanimité parmi les professionnels.
En témoignent deux déclarations datant de 2013* (au moment où Elyes Fakhfakh occupait le poste de Ministre du Tourisme) du président de la FTAV d’alors, Mohamed Ali Toumi, et du Président de la FTH, Mohamed Belajouza.

M.A. Toumi :
« Ma conviction est que, durant les deux ans écoulés, on n’avait pas besoin d’un ministère. Ce qui a été réalisé l’a été par des privés qui ont bougé pour sauvegarder leurs intérêts. L’argent public dépensé en ministères et autres a été gaspillé pour rien… Pire, dans certaines missions effectuées à l’étranger, notamment en France, le ministre du Tourisme a desservi le Tourisme, notamment à travers ses déclarations maladroites sur les salafistes ».

M. Belajouza, quant à lui, abonde dans le même sens tout en suggérant un retour à un ONTT fort :
« … Pour les dix derniers ministres du Tourisme, la durée moyenne d’exercice a été de 10,5 mois, et le Tourisme représentait pour eux le premier poste ministériel (à l’exception de Mondher Zenaidi, ndlr). C’est pour cela que j’appelle à ce que le secteur du Tourisme soit dirigé par une personne qui ne soit pas soumise aux aléas des changements ministériels, et donc qui ne fasse pas partie du gouvernement. Nommer un PDG à la tête de l’ONTT me semble la solution la plus adéquate ».

On voit donc bien que les intentions de regroupement de ministères qu’on prête au nouveau Chef du gouvernement font écho à un réel débat au sein des professionnels tunisiens et dans le monde.
A suivre…

Lotfi Mansour

(*) interview commune dans le magazine Le Tourisme n°14 du 20 mars 2013




FTH : des avancées avec un goût d’inachevé

La FTH tenait aujourd’hui son Assemblée Générale élective. Le Bureau Exécutif sortant peut s’enorgueillir de certaines avancées qui n’empêchent pas un sentiment de frustration.

 

L’Assemblée élective de la FTH s’est tenue aujourd’hui 12 mars en présence du Ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Med Ali Toumi, du Secrétaire Général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, du Président de l’UTICA, Samir Majoul, et du Président de la FTAV, Jabeur Ben Attouch.
Une grande réunion donc, durant laquelle les petites phrases et messages pas toujours subliminaux n’ont pas manqué…

Ainsi en était-il pour Khaled Fakhfakh, Président sortant de la FTH, s’adressant directement au Secrétaire Général de l’UGTT pour demander « une convention collective avant-gardiste ». Slim Majoul, quant à lui, a interpelé le Gouvernement : « Ouvrez le ciel avant que ce ne soient les portes de l’enfer qui s’ouvrent ! ».
Noureddine Taboubi a tenu à rappeler que le tourisme fait partie de l’œuvre des bâtisseurs de l’Etat indépendant, et qu’il devrait continuer à jouer son rôle dans le développement du pays. Une digression qui lui a permis de lancer une pique aux hommes politiques : « On ne peut diriger la Tunisie sans connaître son histoire ».
Le Ministre du Tourisme et de l’Artisanat ne s’est pas exclu de ce festival de petites phrases, déclarant que « les statistiques ne font pas le tourisme » et qu’au lieu de regarder au jour le jour les statistiques « comme on regarderait les bulletins météo », on devrait voir dans ce secteur « ses entreprises, son apport pour les autres secteurs et pour l’économie nationale ».

La crise du coronavirus planait bien entendu sur cette réunion ; les mines défaites des patrons des hôtels de la ville de Tunis en attestait. Ces hôtels enregistrent déjà des reculs des ventes allant jusqu’à 80%.
Khaled Fakhfakh a annoncé à ce propos la constitution d’une Task force réunissant le ministère du Tourisme et les professionnels. Alors que Jabeur Ben Attouch, Président de la FTAV, a appelé les professionnels à la constitution d’un fonds de garantie des risques du tourisme.

Nouvelles élections

Cette assemblée devrait déboucher sur un nouveau Conseil National et, par là, un nouveau Bureau Exécutif.
Le Président sortant, Khaled Fakhfakh, ne se représentant pas, on assistera donc à l’élection d’un nouveau président qui pourrait être Dorra Milad, Trésorière sortante et favorite des pronostics. Une telle élection, si elle se confirme, portera pour la première fois de son histoire une femme à la tête du syndicat hôtelier.

Le Conseil National sortant, et à sa tête Khaled Fakhfakh et Rym Belajouza (Secrétaire Générale), peuvent se prévaloir d’un certain succès dans la mission qu’ils se sont assignée trois ans auparavant, dont « la modernisation de la gouvernance » de la FTH, le lancement d’un site internet et la réalisation de l’étude sur le poids économique du tourisme.
Cependant, par manque de temps ou de volonté du gouvernement sortant, ils n’ont pas pu voir la mise en pratique du Livre Blanc réalisé par la FTH et l’Association des banques pour résoudre le problème épineux de l’endettement hôtelier. Un dossier sur lequel ils ont reçu aujourd’hui encore l’appui du président de l’UTICA.

C’est peut-être là le seul regret de Khaled Fakhfakh. Partisan convaincu du mandat unique, M. Fakhfakh était aussi adepte du quinquennat : « deux mandats de 3 ans c’est trop long, un seul c’est un peu court », nous a-t-il confié.
Sentiment partagé par la Secrétaire Générale, Rym Belajouza, qui ne se présente pas aux élections du Bureau Exécutif mais rempile au Conseil National pour « terminer certains dossiers en cours », dit-elle.
On peut rendre hommage au Président et au Bureau Exécutif sortants d’avoir essayé de faire bouger les lignes, défendu d’abord l’ensemble du secteur du tourisme, et initié une “gestion apaisée” des relations avec l’administration et les partenaires de l’hôtellerie.

Hasard du calendrier : le président de la FTH était convoqué ce matin même devant la cour d’appel pour un procès en diffamation intenté par un hôtelier lui reprochant justement ses appels à l’apaisement pendant l’affaire Thomas Cook… La comparution a été reportée.

LM

Dorra Milad, pressentie à la présidence de la FTH
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Un hommage a été rendu aux anciens présidents de la FTH dont
Naceur Malouch, Aziz Milad, Mounir Ben Miled et Mohamed Belajouza

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