Tunisia Awards : l’échec du système Karboul

L’échec de l’événement Tunisia Awards est celui d’un système basé sur le paraître et les paillettes, l’improvisation et l’esbroufe : Mme Karboul et son équipe ne sont tout simplement pas à la hauteur de la tâche. Comment expliquer qu’un événement si important, ne serait-ce qu’aux yeux de la Ministre elle-même, ait eu à souffrir de tant de problèmes d’intendance relatés par la presse (invités oubliés à l’aéroport pendant 2h30, absence de réservations d’hôtels… voir notamment l’article de Tunisiens du monde) ?

Il est clair que la machine du ministère et de l’ONTT est définitivement grippée. Comment peut-il en être autrement quand les décisions au sein du ministère se concentrent entre des mains si peu expérimentées, à commencer par la Ministre elle-même ? Comment peut-il en être autrement quand la Direction centrale du marketing est “gelée”, et ses trois directions gérées directement par la Directrice générale de l’ONTT ? Il est clair que l’intendance ne suit pas, et que la Ministre, toute spécialiste du coaching qu’elle est, n’arrive pas à faire faire à ses subordonnés les plus élémentaires de leurs tâches : un accueil à l’aéroport, un transfert ou une réservation d’hôtel.

Un comble pour une administration qui compte à son actif de biens plus grands évènements, et qui a sous sa tutelle plusieurs agences de voyages spécialisées dans l’évènementiel. Des agences de voyages dont on se demande la raison pour laquelle elles ont été exclues des prix décernés. De même, un prix “Ibn Batouta” (ou même “Ibn Khaldoun”) pour l’agence ayant développé le plus le tourisme maghrébin aurait été le bienvenu.

Emoi et moi

Le vrai travers de Mme Karboul est certainement son ego démésuré ; sa “petite personne”, sa “petite carrière” deviennent des critères de gestion et d’avancement des projets.

En effet, parmi les absents à ce grand raout des Tunisia Awards, il y a bien sûr Angelina Jolie – même si sa venue relevait plus du canular que d’un projet concret. Mais il y a aussi Mehdi Ben Cheikh, l’organisateur de l’événement de Street Art Djerbahood. Une absence qui fait suite à celles d’Amel Karboul et de Mourad Sakli lors de l’inauguration de cet événement à Djerba, et qui pourrait expliquer l’attribution du prix de l’événement culturel de l’année aux Dunes électroniques.

Drôles de ministres, et drôle de jury, qui voient de la culture dans un rassemblement de jeunes et de canettes de bière (on ne sait pas s’il y avait plus de jeunes ou de canettes), et qui s’abstiennent d’honorer un rassemblement des représentants du mouvement artistique le plus en vogue à l’échelle planétaire pour la simple raison que son organisateur ne fait pas assez de courbettes et ne se laisse pas déposséder de son projet. Pourtant, les chiffres sont sans appel : Djerbahood (lire nos articles) récolte plus de 700 articles élogieux dans des médias prestigieux comme le New York Times, Le Monde ou Arte TV. Des retombées qui rivalisent et dépassent celles de tous les évènements produits par le ministère durant l’année.

A moins que le ministère ne veuille cautionner que les projets les plus coûteux pour le contribuable. En effet, Djerbahood n’a coûté que 120 000 DT au Fonds de compétitivité ; qui plus est, un montant accordé sur l’insistance personnelle de l’ancien président de la FTH, Mohamed Belajouza, lui-même sponsor de Djerbahood à travers ses hôtels Seabel ainsi que bien d’autres hôteliers. Tandis que les Dunes électroniques étaient subventionnées à hauteur de 600 000 DT par le ministère alors que l’entrée en était payante (40 DT), comme l’a écrit le Syndicat des inspecteurs de l’ONTT.

Quant à l’auteur de ces lignes, il ne regrette pas d’avoir consacré sa soirée du samedi à regarder un film dont le titre s’avère prémonitoire : « Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ! ».

                                                                                                            Lotfi Mansour