Mohamed Belajouza : cachez-moi ces passeports que je ne saurais voir!

Par Mohamed Belajouza, PDG de Seabel Hotels. – L’ancien président de la FTH est en colère et ne se prive pas de l’écrire ; une colère à la mesure de l’absurdité de l’ “affaire des passeports israéliens”…

 

Ce qui ne devrait être qu’une affaire de police des frontières a été monté en affaire d’Etat : la convocation par l’ANC de deux membres du Gouvernement devant un “Conseil de Discipline” aurait pu aboutir à leur “licenciement”, et peut-être même à la chute de tout le Gouvernement Jomaa. Le chef d’inculpation ? Des croisiéristes porteurs de passeports israéliens ont été autorisés à passer quelques heures à Tunis.
Certains députés montent au créneau et hurlent à la trahison de la cause palestinienne et à la reconnaissance d’Israël, menaçant de retirer la confiance aux deux ministres coupables de cette trahison.

Si le contrôle du Gouvernement et son audition par la représentation nationale sont l’apanage de l’Etat démocratique, la procédure gagnerait à être réglementée. Simplement pour ne pas nous infliger le spectacle lamentable de ces jeux de cirque dans l’arène du Bardo où de minables gladiateurs ont échangé grossièretés et insultes et en sont venus finalement aux mains, sous le regard impassible sinon bienveillant du Président. Ce dernier aurait pu, ou aurait dû lever la séance et épargner au monde ce spectacle qui ne fait pas honneur à la Révolution qui a amené ces guignols sur les bancs du Bardo.
Quant à notre Président de la République provisoire mais qui dure, il a choisi le silence sur cette affaire. Il s’est contenté de lâcher ses meutes. On connaît la suite…
Finalement, c’est dans une atmosphère de cacaphonie (sic !) d’anthologie que nos sinistres procureurs ont fini par lâcher prise par un artifice de procédure, mais en gardant une épée de Damoclès sur la tête des ministres poursuivis.
Un hommage doit être rendu à la Ministre du Tourisme qui s’est présentée pour répondre d’une affaire qui ne la concerne pas. L’attribution des visas ne relève pas de la compétence du ministère du Tourisme. Il en est ainsi dans tous les pays. Le Ministre, monsieur Sfar, l’a clairement déclaré.

Dans cette affaire, il est apparu clairement que l’hostilité déclarée aux deux ministres n’avait pas d’autre but que de torpiller l’action du Gouvernement de Mehdi Jomaa en s’attaquant au tourisme, secteur névralgique de l’économie nationale. Le refuge derrière l’appui à la cause palestinienne n’a été qu’un prétexte dans une opération d’enchères politiciennes sur fond de campagne électorale. Personne n’en a été dupe. Nos frères palestiniens ont toujours apprécié à sa juste valeur le soutien que leurs frères tunisiens leur apportent. Ils n’apprécieraient pas que l’on prenne prétexte de ce soutien pour servir des intérêts bassement politiciens.
Alors, ne soyons pas plus palestiniens que les Palestiniens. Le Président Mahmoud Abbas n’a-t-il pas déclaré récemment la reconnaissance d’Israël ? Il est vrai, à certaines conditions.

Revenons à la triste réalité des choses. Il est clair que ces pêcheurs en eau trouble craignent le déballage de la gestion calamiteuse des deux derniers gouvernements : situation économique catastrophique, service sécuritaire défaillant.
Alors, tous les arguments, même les plus fallacieux sont bons pour faire échouer ce gouvernement dans son action de redressement.

La Révolution nous interpelle tous, pour nous intéresser au sort des milliers de chômeurs pour cause d’hôtels fermés. Elle nous interpelle pour aider ce propriétaire de calèche à Tozeur, père de famille,  qui a vendu son cheval : il ne pouvait plus lui payer l’orge de sa nourriture. Ce cheval était son outil de travail, sa seule source de revenu. Voilà des causes humaines à défendre.
Faisons donc preuve de patriotisme avant tout. Mesurons la portée de certains propos, à relents antisémites combien ravageurs pour la réputation de notre pays et son image de marque.
Que ceux qui ne peuvent pas ou ne veulent pas aider ce gouvernement se taisent et le laissent à sa noble tâche de réhabiliter notre Tunisie et de lui faire une place parmi les pays réellement démocratiques et évolués.

Mohamed Belajouza