Et pourtant elle tourne !

Malgré l’inconsistance d’une assemblée prétendument nationale, et l’incompétence d’un gouvernement dont la seule constante a été de ménager ceux qui ne cessent de menacer la stabilité du pays et la sécurité de ses habitants ; malgré l’envahissement de nos villes par les ordures, et de nos médias par les débats débiles d’un autre âge ; malgré notre déprime entretenue par les déclarations d’un Rached Ghannouchi ou d’un Abou Yaareb El Marzouki ; malgré notre crise économique et celle sévissant sur nos marchés émetteurs ; malgré l’inflation monétaire, et celle des nominations de gens d’Ennahda dans l’appareil de l’Etat et l’administration ; malgré les reniements par Ennahda de ses engagements d’avant le 23 octobre 2011 pour la sauvegarde du « mode de vie tunisien », et de ceux d’après cette date pour des élections dont on ne sait plus si elles auront lieu un  jour ; malgré tout cela et bien plus encore, le tourisme tunisien résiste. Mieux encore : il sort de cette année trouble renforcé par une légitimité populaire qu’il n’a jamais eue auprès des Tunisiens. Comme le démontrait notre sondage du mois de mars (1), le Tunisien tient à son tourisme, et il l’a démontré en veillant, dans les rues ou dans les hôtels, au bon déroulement des vacances de ses hôtes.
Bien entendu, des incidents récents tendraient à montrer le contraire. Mais à y voir de plus près, notre ami français agressé à Bizerte par des fanatiques a été en fait victime de ses origines tunisiennes. Dans leur “tastika bakri”, leur débilité crasse, ces “fascistes verts” (2) ont cru “corriger” un Tunisien, car terroriser les Tunisiens est leur seul objectif et leur seule mission dans cette période préélectorale. Les millions de touristes qui ont choisi cet été la Tunisie pour passer leurs vacances ont bien compris cela. Le fait qu’ils soient venus malgré la surmédiatisation des faits d’armes des extrémistes était l’autre bonne nouvelle pour notre tourisme, qui n’est pas aussi fragile qu’on a voulu nous le faire croire pendant des années. Les candidats au bronzage ne sont pas « idiots » ; ils sont au contraire bien plus perspicaces qu’on le dit.

(1) Le Tourisme n°3, mars 2012.
(2) pour reprendre l’expression de Laurent Joffrin dans son éditorial du 24/08 sur nouvelobs.com.